mercredi 31 janvier 2018

Au bord du monde, un film de Claus Drexel

Film documentaire multiplement primé, sorti en janvier 2014.

La parole est donnée aux SDF de Paris, qui parlent de la vie dehors, et de leur vision de la société.

Une femme un peu âgée, Christine, parle de ses 7 années d'errance, cachée sous ses plastiques et sa couverture de survie. Il neige, elle dort assise contre les grilles du jardin des plantes. Elle évoque les années heureuses, celles où elle avait une maison, et les meilleurs moments de sa vie, quand elle a eu ses trois enfants, dont on devine par ses propos qu'ils sont en grande difficulté eux aussi. Elle ne craint pas la folie, mais plutôt de ne plus avoir la force de continuer, soudainement, "l'abandon de soi".

Aucune violence dans les propos de ces déshérités, beaucoup de douceur au contraire, de bon sens et aussi de résignation. L'un deux dit qu'il est trop tard désormais, il fallait faire quelque chose quand ils n'étaient que quelques centaines. Maintenant qu'ils sont des milliers, il n'y a plus rien à faire...




Claus Drexel, à propos des choix esthétiques de son film...







120 battements par minute, de Robin Campillo

J'ai profité de la dernière séance de sa programmation dans le cadre des projections de notre asso préférée ciné-cinéma, sans laquelle on pourrait se laisser dessécher seul dans un coin, en attendant que mort culturelle s'ensuive, pour vérifier qu'il s'agit bien là du film choc annoncé par tous, y-compris ces hyènes du Masque et la Plume, qui l'ont unanimement encensé sans l'enfumer ce qui se peut bien sûr, métaphoriquement parlant.
Donc c'est !

L'évocation de l'encensement a d'ailleurs un lien avec le film, par une des scènes ultimes, où les militants d'Act Up font irruption dans un congrès d'assureurs qui sont là en train de s'autocongratuler en picorant des monceaux de petits fours, sur lesquels les protesteurs jettent des nuages de cendre grise : celle d'un ami mort récemment du sida, c'est un encensement de première classe. On ne sait pas vraiment d'ailleurs ce qui était reproché aux assureurs, mais on peut parier que comme pour les laboratoires pharmaceutiques dénoncés dans le film, c'est la frilosité et le manque de réactivité des acteurs publics ou privés qui est en cause, face à l'urgence des situations personnelles de tous les malades, qui, on le voit au long du film, flétrissent rapidement et s'éteignent dans une indifférence qui serait générale, s'il n'y avait heureusement les interventions coup-de-poing d'Act-Up.

J'ai aimé l'humour -du désespoir- de ces types qui trouvent encore la force de l'autodérision...








mardi 30 janvier 2018

5 films latino-américains dans un coffret

"Les nouveaux talents du cinéma d'Amérique latine", Urban Distribution, paru en 2015

- El mudo, de Daniel et Diego Vega, film péruvien, de 2013

- Por las plumas, de Neto Villalobos, Costa Rica, de 2013

- Il était une fois Veronica, film mexicain de Marcelo Gomes,  2014

- Cañada Morrison, de Matias Lucchesi, film argentin de 2014

Ils ont tous de l'intérêt, et d'abord pour la langue, on prend un bon bain d'espagnol sud américain, mais je recommande plus spécialement celui-ci :

- Palma Real Motel, de Aaron Fernandez, en 20014.

"Sebastian, 17 ans, doit reprendre seul la direction du petit motel de son oncle. Une belle jeune femme, Miranda, vient régulièrement y retrouver un homme marié qui lui fait souvent défaut. Pendant ces heures creuses, ils font peu à peu connaissance et laissent s'installer entre eux une troublante complicité."
J'ai beaucoup aimé le temps suspendu et l'attente qui permet à la sensualité et à la complicité non exprimée de s'installer entre ces deux personnages. Lui est attiré par la découverte de cette femme plus âgée que lui, qui est frustrée par l'attente et la déception (c'est un motel de passe, les clients viennent exclusivement pour des câlins rapides) et il fantasme sur ce qu'il pourrait vivre avec elle. Elle se prend d'affection pour ce gentil garçon, qui peut-être la rassure sur la nature masculine...

Vraiment un très beau film.















Le bouddha de banlieue, de Hanif Kureishi

C'est le premier roman (paru en 1990) de cet auteur dont le père d'origine pakistanaise avait épousé une anglaise. Ces origines culturelles mêlées marquent son oeuvre d'une empreinte unique, son expérience de jeune métisse (il est né en 1954) grandissant dans la banlieue londonienne nourrissant nombre des personnages de ses fictions.
C'est le cas dans le scénario du célèbre film "My beautiful laundrette" mais également dans cet excellent récit dont le héros est un adolescent métisse anglo-indien.
"L'œuvre d'Hanif Kureishi porte sur des thèmes de société de l'Angleterre des années 70, tels que l'initiation, la jeunesse britannique, la culture pop et l'émergence du mouvement punk, la place de l'Angleterre et de Londres, les tensions raciales, etc..." nous dit Wikipédia.
On y constate en particulier que ces tensions raciales ont pu être extrêmes, pour sa génération mais peut-être et surtout pour ses aînés, ceux qui ont fait le grand saut par-dessus les continents (le "bouddha de banlieue" désigne dans cette histoire le père de cet ado).
Mais ce roman n'est pas du tout "dramatisant". Ce bouquin est d'abord drôle et inventif, on suit l'ascension sociale et l'itinéraire singulier de ce "sale gosse" avec un grand plaisir. Je fus même déçu que cela s'arrête, après pourtant plus de 400 pages.






































Hanif Kureishi 
 Photo: REX FEATURES





lundi 29 janvier 2018

Avec toi, contre tes seins,

Si doux,
Elus par les sommets enneigés
Rougis de givre
Où règne
Le silence amniotique
Que tu excelles
A rendre
En ce que je bois
Dans la cupule ombilicale
Où s'emmêlent
Nos vomis
Flux hauts que j'adore
Comme au creux sauvages des dolines
Effondrée ainsi que niche ta fève,
Eveillée soudain rosie
Par la chaleur du four
Bout langé
Que j' MATT !




Makala, film d'Emmanuel Gras

sorti en mai 2017.

Le synopsis est hyper simple. Un type dans un village du Congo, veut construire une maison pour loger mieux sa famille. Dans la brousse, il abat un grand arbre avec lequel il fait du charbon. Grace à un vélo sur lequel il amoncelle ses sacs, il pousse son chargement péniblement sur les 50 km qui le séparent de la ville où finalement il réussit à vendre sa marchandise.
Allez faire un film passionnant de 1h36 avec un scénario aussi rabougri !
C'est que la caméra ne le lâche pas d'une semelle, on l'entend respirer tout du long, on sue avec lui, on devine ses pensées. Le voyage est une odyssée et un calvaire. L'arrivée en ville, de nuit, est dantesque, au milieu des ordures qui finissent de brûler sur la rue, de tous ces commerçants et ces trafiquants à l'affut des bons coups. Et le bruit insupportable des véhicules en tous genres.

C'est une expérience à tenter, dès que possible...









dimanche 28 janvier 2018

Les vieux Fourneaux, 4, de Cauuet et Lupano

Pour ceux qui ont réussi à échapper à cette saga remarquable (il faut sans doute revenir des steppes de Mongolie où l'on aurait étudié pendant 4 ans -le tome 1 est sorti en avril 2014- les effets du beurre de yack sur l'organisme fragilisé d'un sarkoziste, pour se trouver dans ce cas) sachez que tous les délicieux ingrédients qui ont fait de ces lectures de grands moments de plaisir, sont là intacts. Pas d'usure dans cet opus 4 où l'esprit libertaire règne encore -paradoxalement- en maître.
Un seul conseil : dévorez !






La complicité par les pieds (44)




















Radiohead, No Surprises

Hier soir, on a écouté ça, bonne surprise pour moi :



La place, de Annie Ernaux

J'ai mis 34 ans à tomber là-dessus ! Mais cela valait la peine de patienter.

A la mort de son père, Annie Ernaux ressent le besoin de faire le point sur cette vie qui venait de disparaître, engloutissant une partie de la sienne. C'est une sorte d'hommage et une façon, sans doute de solder les comptes de cette enfance sur les étapes de laquelle elle revient avec crudité, sobriété et honnêteté.
Chaque période de cette enfance est marquée de signes culturels, essentiellement langagiers, vécus comme stigmatisants (c'est moi qui le dis...). Ernaux les met en exergue, utilisant l'écriture italique, et ces symboles ponctuent le récit, comme des statues hiératiques levant une main pour désigner le sens obligatoire ou la limite à ne pas franchir.
Car au final, il s'agit d'un enfermement, dans ces normes sociales inaliénables.

Ne pas passer pour "une espèce de grand piot" (dindon en patois normand)
Le constat "qu'on ne riait pas tous les jours"
Le fatalisme "Il fallait bien !"
Les craintes multiples :
- "retomber ouvriers" (son père d'un milieu d'agriculteurs très modestes a d'abord été ouvrier, puis épicier, et enfin tenancier d'un café/épicerie, chaque changement étant ressenti comme une promotion sociale)
- "s'oublier" dans une femme (le grand nombre d'enfants étant synonyme de misère)
- "manger le fonds" (de commerce)
- "Qu'est-ce qu'on va penser de nous ?" comme une obsession...
- être "déplacé" c'est à dire, ne pas savoir se positionner, rester à sa place d'indigent, en société
Des adages énoncés comme vérités premières : "Il ne faut pas péter plus haut qu'on l'a !"
Au final, la certitude "qu'on ne peut pas être plus heureux qu'on est."

Plus tard, lorsque l'auteure aura rencontré l'étudiant qui deviendra son mari, issu d'un milieu franchement intellectuel, elle fera le constat que leurs deux familles avaient peu à partager...

"Comment un homme né dans une bourgeoisie à diplômes, constamment ironique, aurait-il pu se plaire en compagnie de braves gens, dont la gentillesse, reconnue de lui, ne compenserait jamais à ses yeux, ce manque essentiel : une conversation spirituelle."

Ce petit recueil d'une centaine de pages est comme un jalon ethnologique dans l'histoire des sociétés ouvrières du XXème siècle.
Publié en 1983.






samedi 27 janvier 2018

Le clitoris, film d'animation de Lori Malépart-Traversy

On l'a déjà vu avec la conférence d'Odile Buisson (article posté le 20 janvier), le clitoris n'est pas un sujet à traiter par-dessus la jambe.

Petit historique de sa lente émergence par une réalisatrice québecoise...




vendredi 26 janvier 2018

Cocorico, de Patrice Thibaud

On est allés voir ce spectacle, déjà joué plus de 450 fois dans le monde entier. Faut dire qu'il est parfaitement exportable : en musique certes, mais quasi sans paroles, c'est un pur travail de mime qui est presque un répertoire de toutes les possibles gestuels pour l'expression de comique burlesque.
Son complice Philippe Leygnac est beaucoup plus qu'un faire-valoir, c'est d'abord un grand musicien, mais aussi un comédien contorsionniste (l'autre le sort d'une valise au début du spectacle),  c'est un type unique, à mon avis irremplaçable.

Un excellent moment fort recommandable.


Quelques extraits...



La page du spectacle sur leur site.




Je me souviens (48)

qu'en avril 2012, j'étais allé un week-end dans le Gers au Cannet, rejoindre des copains qui organisaient une séance de leur spectacle de théâtre dans le cadre exceptionnel d'une très jolie exploitation viticole (à cour fermée). J'avais proposé de faire des photos de groupe des gens qui arrivaient, en leur proposant pour agrémenter le portrait, de porter un objet incongru de leur choix. Je leur donnais la possibilité de récupérer ces photos par envoi mail ensuite. Or il y eut parmi ces visiteurs spectateurs un couple entre deux âges, qui ne souhaitait pas du tout être pris en photo.
"On n'est pas sensés être ensemble ici..." m'expliqua à mi-voix la dame.






jeudi 25 janvier 2018

Heartstone, un été islandais, de Gudmundur Arnar Gudmundsson

C'est typiquement le genre de film que j'aime. Un cinéma d'auteur, très personnel, dans un pays peu repéré pour sa production dans ce domaine culturel, donnant à entendre une langue -pour nous- lointaine et qui permet d'accéder au quotidien de groupes humains qui nous mènent sur leurs petits sentiers de vie étranges et étrangers, si lointains mais rendus si proches, et pleins de surprises.

Deux ados issus de milieux modestes dans un petit port islandais, font, pendant un été de vacances l'expérience des premiers échanges amoureux. Mais pendant que le plus jeune se rapproche d'une fille un peu plus mûre que lui, son copain se découvre une attirance marquée pour son ami. Et tout autour, il n'y a pas que des regards bienveillants, et pendant ce temps, les adultes ont leurs propres soucis...

C'est aussi un cinéma des grands espaces, beaucoup de scènes sont tournées dans le grand vent islandais, mais aussi une plongée toute intérieure dans l'intime, dans la psychologie, complexe et tourmentée pour autant qu'on puisse en juger, des personnages.

Une seule réserve : le format me semble un peu pléthorique (2h09), je m'en serais tenu aux classiques 90 minutes, cela m'aurait semblé plus efficace, car la fin traîne un peu en longueur, à mon avis que j'ai...

Sorti en décembre 2017.




Un des avantages de la fréquentation d'un lieu de soins comme un hôpital...

...où l'on a tout loisir de croiser et d'observer tous ces braves gens qui essaient comme nous autres, d'échapper pour un temps aux charrettes ultimes, c'est que cela rend songeur.
L'odeur si chimiquement unique qui règne dans ces lieux contribue sans doute fortement à marquer nos sens et, puisque nous voilà transposé en des lieux étranges,  à nous laisser tenter de deviner ce que l'on est encore, avec ces perspectives d'avenir aléatoire...
On y fait plus naturellement  le point sur ce que l'on a vécu, sur ce qu'est la somme de tous ces petits faits a priori insignifiants qui sont notre vie jusque-là, ce qu'on a éventuellement eu le sentiment de rater ou de plutôt réussir.
On cherche à se revoir, quand c'est encore possible.
Au final, il y a un être qui subsiste, qu'on aimerait saisir ou définir, mais sauf à faire appel à de gros traits caricaturaux, cette silhouette restera incompréhensible. Chaque personne nous ayant croisé peut avoir de nous quelque perception personnelle mais même la somme de toutes ces idées ne ferait pas de nous ce que nous sommes intrinsèquement. L'image que l'on a de nous-même n'est pas non plus satisfaisante puisque nous nous reconstruisons mentalement (pour pouvoir nous supporter nous-même essentiellement - Gnauti seauton* suggérait l'autre avec ses rêves de Prytanée noyés dans la cigüe), il n'y a personne qui puisse tenter une définition satisfaisante de ce que nous sommes.

Une fois rentré chez moi, j'ai retrouvé ce que j'aime, ce que j'ai disposé autour de moi dans l'appartement pour diverses raisons parmi lesquelles le simple plaisir d'une aimable proximité n'est pas l'essentielle. Car il y a forcément une tentative d'auto-définition dans le choix de ce bric-à-brac. Ces livres amassés, dont la valeur marchande est proche de rien, offrent sans doute une des voies pour plus de netteté, dans cet essai de discernement de soi. Je me suis dit qu'il y avait là l'essentiel de ce qu'on est, jusqu'au moins avouable, et qu'il en est probablement de même avec d'autres collections significatives, je pensais aux amoncellements de supports musicaux... 
Et probablement aussi la somme de tous les articles compilés dans un média tel que celui-ci.





























































*Connais toi toi même !


mardi 23 janvier 2018

Des mille et une façons de lire





































On peut aussi tenter la sangle de Franckie...





On peut aussi lire en tailleur.





lundi 22 janvier 2018

Pusher, la trilogie

Ce n'est pas de l'actualité, les trois films, réalisés par Nicolas Winding Refn, datent respectivement de 1996, de 2004 et de 2005.
Mais c'est une excellente suggestion de reprise en DVD ou en streaming, ces trois essais sont trois réussites exceptionnelles. Mads Mikkelsen, que j'aime particulièrement, y est remarquable dans le film initial, bien qu'il soit rapidement évincé par le scénariste. Dans l'opus 2, il excelle, plantant le personnage extrêmement touchant de demi-caïd, looser méprisé de tous. Il n'apparait pas du tout dans le 3ème volet, mais l'ensemble forme une oeuvre recommandable sans restriction...

Un article des Inrocks.


Une interview de Mikkelsen qui cause de Pusher :


























Emilie Sage, sur son île vendéenne

Vous connaissez une agricultrice qui lutte pour "sauver le pastoralisme", tout en favorisant des techniques de culture et d'élevage pérennes (bio) à Yeu ?

Moi oui.

Emilie Sage et son compagnon Pierre Sagot sont les invités d'honneur de ce "Des racines et des ailes" dont on peut zapper le reste. (Sauter directement à la minute 47)

https://www.france.tv/france-3/des-racines-et-des-ailes/379001-passion-patrimoine-terre-de-vendee.html


Leur site :

http://www.lafermedemilie.fr/

Les échoués, de Pascal Manoukian

L'intérêt de ce livre très bien écrit dans une prose inspirée et fluide, c'est qu'il décrit avec précision les expériences de migrants "échoués" en France au début des années 90. On y suit le parcours catastrophique de 3 jeunes hommes d'horizons très divers (Virgil, moldave, Chanchal, un bangladais, et Assan, venu de Somalie), et rassemblés par la solidarité et l'amitié. Au fil du récit, par l'évocation de souvenirs, on reprend le fil de la vie antérieure de ces jeunes gens et l'on comprend qu'à chaque fois, l'émigration fut subie, et non vraiment désirée. Pour diverses raisons, économiques, politiques ou sécuritaires, le fait est qu'ils n'avaient pas le choix. La pertinence de la décision se pose tout de même au regard des risques insensés pris pour le voyage. Car tous ont connu les brimades, le racket, ils ont tous vu des compagnons d'infortune mourir sous leurs yeux, les femmes asservies. Mais tous ont voulu tenter leur chance...

25 ans plus tard, ce récit nous parle d'actualité. Mais les choses ont bien empiré depuis, par le nombre d'abord. Les situations désespérées se sont multipliées. Et l'exploitation de cette misère s'est organisée pour devenir l'immonde système que l'on observe partout. La répression des états ne s'est pas apaisée non plus (voir article précédent). Une lecture utile donc, très édifiante pour approcher de l'intérieur les drames vécus par les migrants d'aujourd'hui.

Parmi les commentaires critiques de cette page, je recommande celui de " Motspourmots", qui commence ainsi :
"Un roman qui laisse sans voix. Et pourtant, il va falloir trouver les mots pour dire à quel point il est important de le lire. Pour remercier l'auteur aussi de ce texte fort qui transporte son lecteur bien au-delà de l'émotion. Pour lui offrir toute l'exposition qu'il mérite. Parce que ce genre de livre, on le voudrait entre toutes les mains, on le voudrait au programme de toutes les écoles, on le voudrait disséqué et discuté sur tous les plateaux de télévision."
...




























Merci Filipji, à qui je dois cette lecture faite dans les affres de relevailles postopératoires.



Le protocole de la bavure

Autorisez moi à reprendre ici le texte intégral d'un article utile du Monde : 

Dans une tribune, l’écrivain Yann Moix s’en prend à la politique migratoire d’Emmanuel Macron

Critiqué pour sa politique migratoire, Emmanuel Macron a contre-attaqué mardi. Dimanche soir, il est pris à parti par Yann Moix qui lui demande de réagir aux images de violences policières contre des migrants.
 Agacé par les critiques d’intellectuels et d’associations, Emmanuel Macron avait défendu mardi le 16 janvier, à Calais, sa politique migratoire qui veut conjuguer le « devoir d’humanité » et l’« ordre républicain ». « Aucun manquement à la déontologie ne sera toléré » et « si manquement il y a, des sanctions seront prises », a affirmé le président de la République devant les forces de l’ordre, en annonçant qu’une circulaire serait prochainement adressée aux préfets.
Le président était allé au contact de tous les acteurs – réfugiés, élus, associations – de cette « crise migratoire » dont Calais est la ville symbole depuis 20 ans. Revendiquant « un discours de vérité », Emmanuel Macron a averti les migrants que « rester à Calais » dans l’espoir de traverser la Manche constituait « une impasse » car « chacn doit le savoir, tout est fait pour que le passage illégal vers le Royaume-Uni ne soit pas possible ».


La suite et la fin de cet article (avec une petite vidéo qui permet de confronter le discours officiel du Président avec les faits avérés...)


samedi 20 janvier 2018

Le clitoris et le plaisir sexuel féminin, conférence de Odile Buisson

A l'ENS, il y a 7 ans, rediffusée par France Culture ces jours-ci.

La conférencière part du constat, que si l'on n'excise pas les filles traditionnellement dans notre société, on a totalement occulté la question du plaisir féminin, l'existence et la fonction du clitoris étant symboliquement niées...

Le lien vers la page France-Culture qui contient la vidéo...





La neige noire, de Paul Lynch

Publié en septembre 2015, ce roman très noir nous plonge dans une Irlande rurale rude, où toute humanité est marquée par l'âpreté des conditions de vie, et où il faut une grande détermination pour tenter d'intégrer les populations locales. C'est pourtant ce que tentent Banabas ,sa compagne Eskra et leur fils Billy. Pour Barnabas, c'est un retour sur ses terres d'origine, après une période d'expatriation aux USA, pour elle, c'est une découverte.
Le couple est mis en grande difficulté lorsqu'un incendie détruit l'étable de leur ferme, faisant périr cruellement tout leur cheptel bovin. Un voisin venu à la rescousse étant mort dans le bâtiment en feu, cette disparition tragique sera reprochée à Barnabas qui avait pourtant lui aussi failli perdre la vie dans l'embrasement. Ce reproche sera comme un premier coin enfoncé entre le couple et les populations voisines, couple qui dès lors va lentement sombrer dans une suite tragique d'erreurs, d'incompréhensions et de réactions excessives menant lentement inexorablement, c'est là le charme du drame que l'on sent monter, à un dénouement simplement atroce.

Ô toi le lecteur qui entreprend d'entrer en ce récit, abandonne tout espoir !

...mais tu auras fait l'excellent choix d'une lecture très marquante, durablement.
Belle écriture, sans grande originalité, mais fluide.



Paul Lynch, l'auteur, à propos de son roman.
























Lecture judicieusement conseillée par Cathy, librairie "Des livres et nous", à Périgueux...



Frédéric Lordon face à une chienne de garde, Olivia Giesbert,

dans l'émission "La grande table" sur France Culture.

Comment qualifier autrement une journaliste qui en pleine interview, et face à un argumentaire radical et antilibéral qui ne devait pas lui convenir, (difficile à contester, il est vrai), pète les plombs et demande tout à coup, sarcastique : "vous qui pensez tout, vous pensez quoi là-dessus ?"... Réponse tranquille et modeste de Lordon, dont je vous propose de suivre les idées sur cette question des "fake news". Ou plutôt sur ce que signifie la mode qui porte ce thème dans le paysage médiatique...