dimanche 31 décembre 2017

Désorientale de Négar Djavadi

Entré lentement dans la lecture de cette histoire d'une famille iranienne, j'en suis sorti extrêmement ému. Bien des cordes sensibles de la vie secrète des êtres fêlés que nous sommes y vibrent sombrement -d'une sombre beauté- gravement, et ramènent à la surface des jours les fragments intimes qu'on souhaitait -peut-être- dissimuler. La filiation et la question de l'affirmation des personnalités sont en jeu dès les premières pages, la narratrice mêle subtilement le déroulé de cette fresque familiale avec une évocation du temps présent : alors qu'elle est assise dans la salle d'attente d'un laboratoire parisien pour connaître le résultat d'une PMA dont on ne connaît pas les enjeux au début du livre, elle se repasse comme un film hypnotique son passé et toute l'épopée familiale semés de tragédies.
Le lecteur est pris à témoin sur un ton très familier, qui confère à cette lecture une couleur personnelle et à son auteur un style original, sans complexe, comme lorsqu'elle avoue des répétitions dues explique t-elle à l'importance de pensées obsédantes...

Je me suis si bien accaparé ce livre que les nouvelles d'Iran qui nous parviennent ces jours-ci (des protestations économico-politiques à travers tout le pays) m'intéressent comme si j'avais désormais un lien affectif avec ce pays.

Paru en août 2016, Ed. Liana Levi.

























Pierre-Elie avait lu et commenté ce livre avant moi. Là !
Ses commentaires sont toujours passionnants.

























Négar Djavadi

dimanche 3 décembre 2017

Extension du domaine de la lutte

du petit Houellebecq Michel.

Pour voir si derrière les sarcasmes d'homme éternellement malheureux et revanchard de cette chienne de vie insupportable, il y avait l'humour que j'avais apprécié dans les particules élémentaires et la carte et le territoire.

Ben non, c'est pas drôle. Ses saugrenuïtés de perpétuel miséreux affectif transposées dans son personnage désagréable d'ingénieur informaticien, seul, sans perspective n'ont rien de plaisant.

Un extrait, qui se passe un 29 décembre :

"Dans la soirée, je téléphone à SOS Amitié, mais c'est occupé, comme toujours en période de fêtes. Vers une heure du matin, je prends une boîte de petits pois et je la balance dans la glace de la salle de bains. Ça fait de jolis éclats. Je me coupe en les ramassant et je commence à saigner. Ça me fait bien plaisir. C'est exactement ce que je voulais."  

Heureusement, c'est concis. 150 pages tout désossé. Un bon point.

La mort du cerf sacré, de Yorgos Lanthimos

Voilà un film qui est bien reçu par tout le monde, public comme critiques, et que je n'ai pas aimé.

"Steven, brillant chirurgien, est marié à Anna, ophtalmologue respectée. Ils vivent heureux avec leurs deux enfants Kim, 14 ans et Bob, 12 ans. Depuis quelques temps, Steven a pris sous son aile Martin, un jeune garçon qui a perdu son père. Mais ce dernier s’immisce progressivement au sein de la famille et devient de plus en plus menaçant, jusqu’à conduire Steven à un impensable sacrifice."
nous résume Allociné.

Le jeune ado est annonciateur d'une espèce de vengeance divine, supérieure, implacable et inévitable. Tout se passe comme il a annoncé. C'est un messie de mauvais augure. Un petit messie pourri, mais aux USA, ils ont un pouvoir certain sur le monde, prompts qu'ils sont à courir au devant de tous les obscurantismes. Le problème c'est qu'il prévoit vraiment l'avenir et qu'au final, il faut faire un sacrifice pour s'en sortir de ce dilemme. Les dieux vengeurs sont parmi nous, merde.
Iphigénie, qui est invoquée ici comme inspiratrice de ce drame, savait qu'elle se condamnait pour ramener la paix parmi les hommes en lutte. Là, on surnage dans le surnaturel et on en vient à tuer pour avoir le droit de survivre avec les épargnés.
Je n'aime pas.