dimanche 25 février 2018

Il est le premier, le plus ancien du club des 27

Robert Leroy Johnson. 

Pas de chance pour lui, ce n'est pas un club de plein aux as, il s'agit du groupe des stars de la musique à être mort à 27 ans.
Robert Johnson est né dans un milieu d'ouvriers agricoles noirs très pauvres, en 1911, dans le Mississipi. Sa mère a quitté son père quand il est encore nourrisson, puis elle quitte la propriété où elle travaillait sans emmener ses deux enfants (Robert ira la retrouver quelques années plus tard). Il va donc être autonome et débrouillard très rapidement.
A 18 ans, il épouse Virginia Travis, de 2 ans sa cadette. Celle-ci meurt en couches en 1930.
C'est avec sa guitare qu'il se distinguera ensuite, trainant de ville en ville, pour trouver à se produire.
Il est repéré par les grands musiciens de blues de l'époque. Certains comme Ike Zinermann l'encouragent et le parrainent.
Il est connu grâce à deux séries d'enregistrement qu'il réalise dans une chambre d'hôtel de San Antonio, au Texas. 29 titres en tout. Il a 25 ans.
C'est un beau jeune homme, qui a un succès certain auprès des femmes qu'il rencontre.
Deux années plus tard, il meurt de maladie, ou victime (empoisonné) par un homme jaloux...
Sur son acte de décès figure la mention "No doctor"...

Pourquoi vous relater tout ceci ?

Parce que je viens de tomber sur l'intégrale en CD de son oeuvre. Parue en 2011.

























Pour reprendre le parcours sinueux de sa courte et riche existence, on peut aller chercher cette BD magnifique (le titre reprend le nom d'une de ses chansons les plus célèbres) : Love in vain.




















Dessins superbes de Mezzo.




























samedi 24 février 2018

lait et miel, (milk and honey), poésies de Rupi Kaur




Il y a un essai de mise en ordre du vécu. Un peu comme Bachelard qui décortique les étapes et les épreuves de l'amour passion, (Fragments du discours amoureux) en se basant -beaucoup- sur les souffrances du jeune Werther.


4 chapitres :

- Souffrir
- Aimer
- Rompre
- Guérir


Ce côté analytique, peu poétique a priori, suppose l'authenticité du vécu. Il y a là -peut-être- une volonté de survivre au chaos de la déchirure amoureuse. Un champignon thérapeutique qu'elle fait exploser dans une gerbe de mots qui scintillent en retombant.


Le recueil s'entame avec une force. Comme chez Sophie Calle, c'est un souvenir intime.

"
le premier garçon qui m'ait embrassée
tenait mes épaules 
comme le guidon
de la première bicyclette 
qu'il ait jamais conduite
j'avais cinq ans

il avait l'odeur de 
l'être affamé sur ses lèvres
une odeur rappelant son père
se repaissant de sa mère à 4 heures du matin

il était le premier garçon 
à m'apprendre que mon corps était
à donner à ceux qui le voulaient
et que je ne pouvais pas
ne pas me sentir pleine

et mon dieu
je me suis sentie
aussi vide que sa mère à 4 heures 25 du matin
"


Puis il est question d'incandescence (Partie "aimer") :

























De la difficulté de dépasser l'état de rupture (Partie "Rompre") :























Puis, plus loin :

"
ça revient toujours à toi
furoncles
cernes
démangeaisons
tout ramène à toi
"


Puis, quelques soupçons de résilience ("guérir").
























"
te perdre 
a été
l'avènement 
de moi-même
"

"
nous avançons tous quand
nous reconnaissons combien
les femmes autour de nous
sont résilientes et impressionnantes
"




























Traduit de l'anglais (américain) par Sabine Rolland, publié dans le Missouri en 2015
Ed. Charleston, 2017, en France.


























Rupi Kaur, indienne d'origine, émigrée au Canada.




vendredi 23 février 2018

Reçu ceci, pour diffusion

L'annonce d'un festival, à Mûrs-Erigné, en Anjou, du 23 au 25 mars à venir.














































Je relaie car dans l'affiche de ces rendez-vous se trouvent des gens que j'écoute.
Je recommande haut la main Claire Elzière, Alain Sourigues, et Wally.

La preuve qu'ils sont dans mon armoire à musique ? Voyez ci-dessous comme j'illustre fort bien mes dires.
Oui, je sais, je suis un des derniers dinos qui utilisent les CD en plastique et en os. Mais j'y tiens. Un CD est un tout plastico-musical. Si vous écoutez sur votre aïl-pode dématérialisant,  il vous manque la moitié du projet artistique. Je ne rigole pas. Ai-je l'air de ricaner ?
Le lecteur d'image attentif aura tôt fait de me reprocher de faire des copies frelatées de ces oeuvres méritantes. Je n'ai payé les droits d'auteur qu'à Sourigues dans cette trioccurence. OK. Mais je reste, ne vous en écorche la gueule, un des derniers humains dans l'univers à acheter des CD chez le monsieur qui vit pour de vrai. Alors bon. Sivouplé.





















Pour revenir à ce festival, je subodore du nez qu'il y a des perles dans ceux que je ne peux recommander, par excès d'ignarité.Vous voudrez bien escuser.

Et, simultanément, courez à Mûrs et rignez-y de ma part !


Un p'tit tizeur à l'heure du thé ?







Toutes les infos, des extraits de concerts, sur la page Fb du festival, réseau antisocial que j'exècre plus que jamais comme une grosse vache vomissant son intrabile haineuse.




L'air de rien, de Hanif Kureishi

Question de petite morale quotidienne .
Vous avez vécu une vie riche, extraordinaire, pleine de créations qui font l'admiration de tous. Mais voilà, l'âge et sa décrépitude ont poursuivi leur sape tranquille et vous êtes devenus impotent, dépendant du vouloir de vos amis, à commencer par votre chérie, de 30 ans plus jeune que vous et encore fringante.
...« légume en devenir dans un fauteuil roulant »... dit Waldo, le héros de cette histoire. Mais reprenons.
Vous avez cependant encore toute votre tête, et du monde qui continue de tourner autour de votre lit, rien ne vous échappe. Il apparaît soudain que votre femme si dévouée au quotidien à votre chevet, se rapproche doucement d'un de vos vieux amis, lui aussi très serviable, et toujours présent dans votre maison. Celui-là, avec son empressement excessif à vos côtés, joue un jeu trouble, sans doute fort intéressé...Vous avez travaillé dans l'audio-visuel, c'est un jeu d'enfant, avec les pauvres moyens matériels qui vous restent, de vérifier que ces deux-là se sont bien acoquinés. Ils fomentent et même plus car affinités. Perfidement, vous allez donc vous inviter dans leur petit jeu et y provoquer de jouissives crises en cascade pour les emperturber...
Dans cette histoire de jubilation (tout cela vous vous amuse beaucoup) et de panique mêlées (votre impotence cruelle est confirmée à chaque minute), la question est :
Après avoir vécu une vie si remplie et d'une certaine façon totalement épanouissante, est-il raisonnable de vouloir empêcher ceux qui possèdent encore, par excès de jeunesse, la faculté de jouir de cette vie d'en profiter pleinement ?
Ceux qui me connaissent savent ma réponse.
Mais bien sûr je n'ai pas tout dit. Il est vrai que ces deux-là étaient excessivement fourbes...

Une histoire délicieuse, à l'écriture sèche, sans gras (ce qu'on on aurait pu reprocher au -quelque peu-bavard "Bouddha de banlieue", par exemple) avec des réflexions de fond qui introspectent pertinemment l'âme humaine.

C'est le plus récent bouquin de Kureishi paru en France, en 2017, Ed. Bourgois, traduction de Florence Cabaret.

























Avec ses 192 pages, ce livre se prête merveilleusement à la lecture à voix haute à l'autre, au coin du feu, en sirotant une bière bio.







lundi 19 février 2018

Etats de neige, de Brigitte Baumié

Petit opuscule poétique déniché sur les étagères des alternatifs hyperactifs d'Antigone à Grenoble, publié en 2011 et qui me cause.

En 4 saisons, mais l'hiver est la principale (par sa longueur).
Les premières strophes de l'hiver :





1
volatile volante
rien dans la main
à attraper se dérobe
juste pour le regard
si légère
rien à la pelle qui trace le chemin
pour aller
hauts murs blancs pour atteindre
la porte pourtant
légèreté construite en strates solides


2
au matin bleu pur
les yeux plissés
devant
blanc infini
figé juste un souffle
monte des pieds
enfoncés
le froid
le café fume
debout au seuil
la table derrière
solide et sage à carreaux
le chaud de la tasse dans la paume
le piquant sur le dos de la main
au matin le froid


 3
maison cocon
la neige monte aux fenêtres
un peu de ciel subsiste
lumière blanche et douce
le lit accueillant
où tu es nu


4
île déserte
mais reliée dans ce temps
pont de glace
peut porter un tracteur
nos pas suffisent
maison frileuse et chaude en nous
blanc tout autour sans fin
moelleux
peuplée de neige
la solitude
ton souffle en nuages légers
ni arbre ni colline
nous regardons très loin


5
sur la berge
on sait qu'au pas suivant on marchera
sur l'eau
la différence est imperceptible
la neige juste un peu plus
désordonnée


6
fabrication d'un igloo
pour voir
un sein isolé dans la neige
puis une statue
un dessin de blanc
sur blanc
juste des ombres


7
on n'est jamais en repos
avec le froid
garder
confiantes
les racines de notre chaleur


8
il a neigé encore
tu dors
rien ne nous attend
la maison
et toute cette blancheur
respirent de ton sommeil

...












dimanche 18 février 2018

Je me souviens (50)

avoir fait une photo en Corse, où l'on voyait quatre personnes en train de lire les pieds dans l'eau d'une rivière, toutes un peu éloignées les unes des autres, et assises sur des rochers. J'aime le silence connivencier* qui domine alors entre les lecteurs qui ne s'ignorent pas totalement...
Une vraie complicité peut transpirer de ces moments assez rares. Mais les situations peuvent être variées...

* Et pourquoi pas ?

Des histoires vraies, de Sophie Calle

Sans connaître cette artiste au renom international, je l'avais repérée comme auteur de petits livres uniques, dans la librairie d'un grand musée parisien. J'ai le souvenir en particulier d'un bouquin, dans lequel il était question des affres d'une séparation, exposés brutalement et crument, comme si toute idée de pudeur était inconvenante à la situation, confrontés aux témoignages d'amis qui rapportent leur pire expérience de séparation.

C'était dans ce livre "Douleur exquise", paru en novembre 2003, dont S. Calle écrit :

"Je suis partie du Japon le 25 octobre 1984 sans savoir que cette date marquerait le début d’un compte à rebours de quatre-vingt-douze jours qui allait aboutir à une rupture, banale, mais que j’avais vécue alors comme le moment le plus douloureux de ma vie. J’ai tenu ce voyage pour responsable. De retour en France, le 28 janvier 1985, j’ai choisi, par conjuration, de raconter ma souffrance plutôt que mon périple. En contrepartie, j’ai demandé à mes interlocuteurs, amis ou rencontres de fortune : « Quand avez-vous le plus souffert ? » Cet échange cesserait quand j’aurais épuisé ma propre histoire à force de la raconter, ou bien relativisé ma peine face à celle des autres."

























Or, récemment, je suis allé jusqu'à Bordeaux acheter des tapis colorés.

















Pour ne pas faire de ce déplacement qu'une sortie commerciale, j'en profitai pour aller faire un tour au CAPC, l'Entrepôt municipal de la rue Ferrere. Bâtiment magnifique dans lequel se succèdent de grosses expos temporaires dans l'espace du bas et de plus modestes dans les galeries des étages. Ces jours-ci, Beatriz Gonzales, une plasticienne de Colombie est à l'honneur. Comme cela ne m'a pas franchement emballé, vous n'aurez pas droit à un article sur cette présentation. Les habitués de ces pages savent que je ne prends de temps que pour ce qui m'enchante.
Mais cela explique que je me sois attardé à la librairie du lieu, un de ces endroits où l'on trouve des oeuvres rares ou en tout cas, difficiles à trouver dans les circuits commerciaux traditionnels. C'est là que je suis retombé sur Sophie Calle, pour un petit livre tout récemment réédité (la première édition date de 1994, celle-ci, de décembre 2017, contient six souvenirs inédits) dont j'ai tout de suite adoré le principe et la forme.
Chaque double page présente un souvenir, avec une photo et un petit texte de quelques lignes. Ces évocations sont le plus souvent de nature intime, quelquefois de l'ordre du bizarre, toujours inattendues.




















































































Cela vous convient ? J'ai payé 19.50 € pour ces 56 souvenirs regroupés élégamment dans ce petit recueil par Acte Sud, ce qui fait presque 35 centimes du souvenir, ce qui est donné, si vous voulez mon avis que j'ai.













jeudi 15 février 2018

L'intranquille, de Gérard Garouste

Relu ce feuillet autobiographique avec toujours autant de plaisir et d'émotion.
Ce texte a été publié en 2011. Il y déclare avoir peint 600 toiles. Mais depuis ?

 Wiki annonce :
  • 2014 : Contes ineffables, galerie Daniel Templon, Paris
  • 2015 "En chemin" exposition à la Fondation Maeght du 27 juin au 29 novembre 2015, commissariat de Olivier Kaeppelin
  • 2016 : Exposition au Musée des Beaux Arts de Mons, Belgique ainsi qu'à la Salle St Georges du 24 septembre 2016 au 29 janvier 2017
  • 2017 Les Garouste complot de famille du 6 mai AU 31 août au château d'Hauterives. Pour la première fois, Gérard Garouste et son épouse, Elizabeth Garouste, designer, exposent ensemble. Pour la première fois, c’est leur passion commune pour l’art brut qui les réunit, là même où le facteur Cheval a érigé son célèbre Palais idéal, devenu référence mondiale de l’art brut.
 Et tout récemment (décembre 2017) :

Gérard Garouste élu à l’Académie des beaux-arts dans la section « Peinture »


Lien vers un Portfolio du Monde qui lui est consacré.






mercredi 14 février 2018

Grenoble dans le soleil d'un matin d'hiver

Mais d'abord un petit flash-back. Chaque lundi, une asso d'étudiants du campus de la fac UGA (Université Grenoble-Alpes) propose des repas à la bonne franquette, en extérieur, sur des tréteaux et des tables improvisés. Prix libre. C'est "la Tambrouille". On y retrouve des comparses d'Antigone (article précédent).




















































Ce matin, nous avons grimpé la colline de la Bastille, le fort qui domine Grenoble, à 476 m. d'altitude (260 m. environ au-dessus de la ville).  On attrape une suée, mais moins que les fadas qui montent en courant, descendent en courant, et rentrent chez eux tout galopant comme des lapins des Alpes.




















Ils ont tendu des câbles pour ceux que rebute la marche pédestre des pieds. Mais bon, on n'est pas encore assez graves à terre.

































































Un amuseur a imaginé l'oeuf idéal pour ce téléphérique...

























A nos pieds, le vieux centre ville.



















La rue St Laurent, qui est au pied du fort, donc de l'autre côté de l'Arve par rapport au centre-ville. C'est un faubourg assez bien conservé de l'époque renaissance.

















































A Christo's wrapping ?
No a bridge's renewal !
Il s'agit de la passerelle qui se trouve à l'endroit du vieux pont historique, lequel fut, au XVIIème encore, la seule entrée possible à Grenoble, ville fortifiée. La grande époque de Lesdiguières, seigneur du lieu, qui bouta les cathos (soutenus par la Savoie voisine) hors de la place (22 décembre 1590) et fut par la suite nommé Lieutenant Général des armées d'Henri IV...
Dernier connétable de France. *























































Tiens, Jeannot est passé par là ! (Authentique !)





















Une suggestion finale ?




















* L'occasion de faire un petit rappel : Connétable vient de "comte des étables"...




lundi 12 février 2018

Antigone à Grenoble : quand la vie associative et contestataire bouillonne à feu vif...

C'est à la fois une association et un local, au 22, rue des violettes, à Grenoble, donc.


















Entrez, venez prendre un grand bol d'air d'idées alternatives entrecroisées...



















C'est un lieu convivial, avec un bar aux bières locales délicieuses (je conseille la "Chènevière", bière bio au chanvre, de la brasserie du Chardon, à Crolles). Le fonds de documentation, en publications et revues est impressionnant. On pourrait y passer ses journées, il faut donc cocher sur son calepin hebdomadaire, le mercredi de 18h30 à 21h30, et le dimanche, de 16h00 à 21h00.






















Lieu de rencontre magnifique, on a toutes les chances d'y croiser des êtres pensants pour lesquels l'humanisme est un truc un peu central, idéologiquement parlant... Quant à l'engagement dans l'action sur-le-terrain, c'est aussi évidemment un lieu de coordination et de synergie des initiatives.
Lorsque j'y suis passé, j'y ai croisé Jeannot, qui revenait d'une virée en car à Notre-Dame-des-Landes, il avait donc participé à la fiesta où fut brûlé symboliquement un avion de bois dans un grand champ et une liesse générale*. Deux nuits de car pour ne pas manquer ce rendez-vous festif.


















Mais c'est également un lieu de lecture ou d'étude, car derrière le bar se trouve une magnifique caverne d'Ali Baba pour les amateurs de livres de référence. Les militants du lieu ont mis en place depuis 2002 cette librairie-bibliothèque, possédant un fonds considérable qui peut occuper raisonnablement votre soirée d'hiver.

" Antigone s’enorgueillit (presque…) d’abriter un large (mais non moins réfléchi) choix d’ouvrages (environ 7000 documents) dans les domaines de la pensée libertaire et des autres courants politiques dignes d’intérêt (c’est chaud là…), de la lutte et des résistances de toutes les époques et de tous les continents, de l’écologie, de la sociologie, de la psychologie, du féminisme, de la poésie, du théâtre, de l’art, du livre pour enfants, du polar…"

annonce la page de leur site consacré à la bibliothèque.


Ils proposent aussi des rencontres pour diverses activités conviviales, qui divertissent des petits écrans...








































* Zeugma.




Un appartement à Grenoble

D'où l'on voit les sommets enneigés.





















Où traînent des présomptions de lectures utiles et euphorisantes ("Les Vieux Fourneaux")...

























Où les portes de frigo espriment...











































ein Herz für Faschisten = un coeur pour les fascistes