lundi 22 janvier 2018

Les échoués, de Pascal Manoukian

L'intérêt de ce livre très bien écrit dans une prose inspirée et fluide, c'est qu'il décrit avec précision les expériences de migrants "échoués" en France au début des années 90. On y suit le parcours catastrophique de 3 jeunes hommes d'horizons très divers (Virgil, moldave, Chanchal, un bangladais, et Assan, venu de Somalie), et rassemblés par la solidarité et l'amitié. Au fil du récit, par l'évocation de souvenirs, on reprend le fil de la vie antérieure de ces jeunes gens et l'on comprend qu'à chaque fois, l'émigration fut subie, et non vraiment désirée. Pour diverses raisons, économiques, politiques ou sécuritaires, le fait est qu'ils n'avaient pas le choix. La pertinence de la décision se pose tout de même au regard des risques insensés pris pour le voyage. Car tous ont connu les brimades, le racket, ils ont tous vu des compagnons d'infortune mourir sous leurs yeux, les femmes asservies. Mais tous ont voulu tenter leur chance...

25 ans plus tard, ce récit nous parle d'actualité. Mais les choses ont bien empiré depuis, par le nombre d'abord. Les situations désespérées se sont multipliées. Et l'exploitation de cette misère s'est organisée pour devenir l'immonde système que l'on observe partout. La répression des états ne s'est pas apaisée non plus (voir article précédent). Une lecture utile donc, très édifiante pour approcher de l'intérieur les drames vécus par les migrants d'aujourd'hui.

Parmi les commentaires critiques de cette page, je recommande celui de " Motspourmots", qui commence ainsi :
"Un roman qui laisse sans voix. Et pourtant, il va falloir trouver les mots pour dire à quel point il est important de le lire. Pour remercier l'auteur aussi de ce texte fort qui transporte son lecteur bien au-delà de l'émotion. Pour lui offrir toute l'exposition qu'il mérite. Parce que ce genre de livre, on le voudrait entre toutes les mains, on le voudrait au programme de toutes les écoles, on le voudrait disséqué et discuté sur tous les plateaux de télévision."
...




























Merci Filipji, à qui je dois cette lecture faite dans les affres de relevailles postopératoires.



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