...où l'on a tout loisir de croiser et d'observer tous ces braves gens qui essaient comme nous autres, d'échapper pour un temps aux charrettes ultimes, c'est que cela rend songeur.
L'odeur si chimiquement unique qui règne dans ces lieux contribue sans doute fortement à marquer nos sens et, puisque nous voilà transposé en des lieux étranges, à nous laisser tenter de deviner ce que l'on est encore, avec ces perspectives d'avenir aléatoire...
On y fait plus naturellement le point sur ce que l'on a vécu, sur ce qu'est la somme de tous ces petits faits a priori insignifiants qui sont notre vie jusque-là, ce qu'on a éventuellement eu le sentiment de rater ou de plutôt réussir.
On cherche à se revoir, quand c'est encore possible.
Au final, il y a un être qui subsiste, qu'on aimerait saisir ou définir, mais sauf à faire appel à de gros traits caricaturaux, cette silhouette restera incompréhensible. Chaque personne nous ayant croisé peut avoir de nous quelque perception personnelle mais même la somme de toutes ces idées ne ferait pas de nous ce que nous sommes intrinsèquement. L'image que l'on a de nous-même n'est pas non plus satisfaisante puisque nous nous reconstruisons mentalement (pour pouvoir nous supporter nous-même essentiellement - Gnauti seauton* suggérait l'autre avec ses rêves de Prytanée noyés dans la cigüe), il n'y a personne qui puisse tenter une définition satisfaisante de ce que nous sommes.
Une fois rentré chez moi, j'ai retrouvé ce que j'aime, ce que j'ai disposé autour de moi dans l'appartement pour diverses raisons parmi lesquelles le simple plaisir d'une aimable proximité n'est pas l'essentielle. Car il y a forcément une tentative d'auto-définition dans le choix de ce bric-à-brac. Ces livres amassés, dont la valeur marchande est proche de rien, offrent sans doute une des voies pour plus de netteté, dans cet essai de discernement de soi. Je me suis dit qu'il y avait là l'essentiel de ce qu'on est, jusqu'au moins avouable, et qu'il en est probablement de même avec d'autres collections significatives, je pensais aux amoncellements de supports musicaux...
Et probablement aussi la somme de tous les articles compilés dans un média tel que celui-ci.
*Connais toi toi même !
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