lundi 22 mars 2010

On peut ranger les insultes

du capitaine Haddock en 4 catégories...

D'abord les noms de personnes, de fonctions, tout ce qui désigne un individu.
"Anthropophage", "jocrisse", "potentat emplumé", "crétin des Alpes"...
C'est la catégorie la plus importante en nombre d'occurences.

Ensuite, les noms d'oiseaux -qui pointent des animaux pas forcément emplumés- sont aussi assez fréquents...
"cercopithèque","lépidoptère", "mérinos","oryctérope", "loup-garou à la graisse de renoncule"...

Puis il y a toute une série d'objets matériels qui sont de graves insultes dans l'esprit ravagé du marin...
"gyroscope", "moule à gaufres", "ophycléide", "phylactère"...




Enfin, et c'est là qu'on veut en venir,
il y a un dernier groupe de jurons constitué de quelques mots qui n'appartiennent à aucune des trois catégories précédentes. Des objets immatériels, donc... On y trouve des maladies, des principes mathématiques, une référence historique, une notion de droit et ... deux figures de rhétorique 


- choléra
- logarithme
- mégacycle
- moratorium
- pacte à quatre
- phylloxera
- anacoluthe
- catachrèse

Insulter l'ennemi avec des figures de rhétorique, il fallait l'oser ! En même temps, elles vont bien, elles envoient clair, comme des beignes bien flanquées. 

Au passage, pour ceux qui comme moi, ne se souviendraient pas de ce que ça désigne,
l'anacoluthe est une construction grammaticale commencée, puis interrompue brusquement, oubliée et faisant place à une autre.
Ex : "Ô ciel,
Plus j'examine et plus je le regarde,
C'est lui" (Racine)
La correction réclamerait :
"plus il me semble que c'est lui..."
L'anacoluthe est parfois la marque d'une émotion, elle est justifiée par l'idée à exprimer, mais la plupart du temps elle n'est qu'une incorrection résultant soit d'une mauvaise culture,soit d'une négligence blâmable dans l'expression.

Quant à la catachrèse, c'est une figure de rhétorique consistant dans l'emploi d'un nom appliqué à un autre objet ayant quelque analogie avec lui.

Ex : "une feuille de papier, les bras d'un fauteuil, à cheval sur un muret"...

La catachrèse est la figure de rhétorique la plus courante et la plus banale. On l'utilise quotidiennement sans éprouver la moindre sensation d'effort.


Ces deux définitions sont recopiées de "l'intégrale...", Albert Algout, Casterman.

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