samedi 30 novembre 2019

Les couilles sur la table, podcast bimensuel

Une adresse que j'aborde seulement maintenant, et je la conseille d'emblée :

Par Souncloud

Les interviews sont menées par Victoire Tuaillon.

Parmi les entretiens proposés...

on peut écouter le discours de Virginie Despentes, quelquefois à contrecourant des thèses féministes dominantes. L'entretien est récent , datant du mois dernier.

Je suis dans la lecture de son très politiquement incorrect Vernon Subutex, et j'ai récemment regardé son adaptation au cinéma de "Baise-moi" (de 2000), son propre roman écrit six ans plus tôt. Pas toujours facile à partir de ces oeuvres de fiction, de faire ressortir sans erreur le fond de sa pensée. C'est pour cela qu'il vaut mieux l'écouter en direct.





Photo FJ PAGA












vendredi 29 novembre 2019

Edward Gorey, dessinateur, auteur de BD

La notice du site des éditions Alto qui l'éditent, indique :

Dessinateur minutieux, personnage fantasque souvent vêtu de fourrure, figure emblématique de l’illustration américaine, Edward Gorey (1925-2000), laisse derrière lui une œuvre sans égal, proche dans l’esprit de celles de Poe et de Lewis Caroll. En plus de signer sous divers pseudonymes une centaine de livres, il a réalisé les illustrations de textes de Bram Stoker, H.G. Wells ou Samuel Beckett. Edward Gorey fut un maître dans l’art de distiller un surréalisme un brin macabre, pétri d’humour fin."

C'est une découverte tardive en France puisqu'il est mort en 2000. Le petit recueil au format carré, édité par Tripode cette année, comprend :

- L'enfant guigne (1961)
- Les enfants fichus (1963)
- L'aile ouest (1963)
- Total zoo (1967)
- Le couple détestable (1977)































Ne pas manquer "Les enfants fichus" qui est un abécédaire sinistragicomique de 26 façons de mourir quand on est enfant...





La traduction du V pour Victor en français est : "V pour Victor curieux de voir un train de face".
Quelque liberté prise par le traducteur donc...



mardi 26 novembre 2019

Inside Llewyn Davis, film des frères Cohen, la BO

Revu avec plaisir ce film de 2013 qui propose une plongée dans les classes populaires des USA des années 1960, dans Greenwich Village. On y suit un musicien à la recherche d'un second souffle, mais tout est compliqué, et c'est clairement un looser assez drôle, pathétique et sympathique au final.

L'occasion d'une belle BO, qui se réécoute avec plaisir...











lundi 25 novembre 2019

Mourad Tsimpou, la révélation des quartiers nord de Marseille

Il est sympa ce p'tit gars sur la tête duquel tombe soudainement une notoriété inattendue. Merci les rézossossio qui pour une fois oeuvrent à faire émerger du positif (je suis hyper sensibilisé aux abus modernes rendus possibles -ou envisageables par anticipation- par les nouvelles technos grâce à la série "Black Mirror" que je visionne intensément ces temps-ci)...

J'aime son interprétation de Chopin, il joue d'oreille et il manque des passages entiers ou il répète -excessivement- des formes mélodiques, tout est transformé mais il y a une chose qui est sûre, c'est que ce type a un vrai don. D'ailleurs, en trouvant différentes vidéos de sa version de la fantaisie impromptu de Chopin, on se rend compte qu'il s'approche de plus en plus de l'œuvre écrite, il apprend... Mais je lui trouve surtout vrai talent d'interprète libre à partir de ce qu'il a entendu. Pour moi, ce type est un grand du jazz.







dimanche 24 novembre 2019

Dentro la tasca di un qualunque mattino, Gianmaria TESTA






Dans la poche de n'importe quel matin
Je te prendrai dans la poche
avec un mouchoir en coton et un parfum
avec le mouchoir je te cacherai ...
Dans la poche de n'importe quel matin
Je me cacherai dans ta poche
et avec la main, qui ne voit personne,
et avec la main je te caresserai



Dentro la tasca di un qualunque mattino
dentro la tasca ti porterei
nel fazzoletto di cotone e profumo
nel fazzoletto ti nasconderei
Dentro la tasca di un qualunque mattino
dentro la tasca ti nasconderei
e con la mano, che non veda nessuno
e con la mano ti accarezzerei
Salirà il sole del mezzogiorno
passerà alto sopra di noi
fino alla tasca del pomeriggio
ti porto ancora
se ancora mi vuoi
Salirà il sole del mezzogiorno
e passerà alto, molto sopra di noi
fino alla tasca del pomeriggio
dall'altra tasca ti porto
se vuoi
Dentro la tasca di un qualunque mattino
dentro la tasca ti porterei
col fazzoletto di seta e profumo
col fazzoletto ti coprirei
Dentro la tasca di un qualunque mattino
dentro la tasca ti nasconderei
e con la mano, che non veda nessuno
e con la mano ti accarezzerei
e con la mano, che non veda nessuno
con questa mano ti saluterei


Lormont tranche dans le vif : le point L ou rien !

Ou le retour raisonné de la dictature du prolétariat.




dimanche 17 novembre 2019

Pourquoi les garçons lisent-ils moins que les filles ?



Cela fait longtemps que nous savons que les petites filles lisent plus que les petits garçons. Les sociologues ne sont jamais en reste pour y trouver une explication. La question vient de réapparaître avec un rapport publié par un groupe de parlementaires britanniques (The Boys’ Reading Commission). 


L’étude dont il est question ici a été menée auprès de 226 écoles du Royaume et 21,000 enfants. Les résultats publiés lundi sont clairs: 62% des garçons préfèrent regarder la télévision au lieu de lire contre 45% chez les filles.


En outre, les garçons ont plus de mal à trouver des livres qui leur conviennent. Mais cela ne tient pas à des raisons biologiques de différences entre les sexes; d’autres études avancent d'ailleurs, chiffres à l’appui, que les garçons sont tout aussi capables que les filles de lire des livres complexes.

Derrière les statistiques publiées par la commission se cachent plusieurs réalités. L’étude met en cause non seulement les méthodes d’enseignement de la lecture mais également l’absence de figures masculines pour promouvoir la lecture. Face à cette lacune, la commission a fait un ensemble de recommandations au gouvernement, notamment encourager les pères à faire aimer la lecture à leurs fils. Autrement dit, faire de la lecture une activité aussi virile que d’aller au stade de foot du coin encourager son équipe.

La commission propose de faire venir dans les classes des «volunteer male reading models» (Graeme Paton du «Telegraph» utilise l’expression de «reading mentors»), et va même jusqu’à affirmer que c’est toute la façon de percevoir la lecture qu’il faut changer, à savoir que la littérature serait davantage une activité féminine que masculine… Mais est-ce bien nécessaire?

Les figures masculines pour faire aimer la lecture ne manquent pas, à commencer par les auteurs eux-mêmes: le panthéon littéraire mondial est rempli d’auteurs (masculins) susceptibles de convertir les petits garçons à la lecture. Tolkien ou Roald Dahl pour ne citer qu’eux. Et si ce n’est pas par l’intermédiaire du texte lui-même mais par la représentation attachée à la lecture que l’on veut inciter les garçons à lire, il suffit de mettre en avant la personne même des écrivains. En effet, quoi de plus fascinant que la vie d’un Hemingway qui écrivait  tout en participant aux grands événements de son époque? Il faudrait aussi rappeler qu’en dehors de la lecture, l’écrivain américain aimait chasser et boxer. 

Xavier Thomann


Quoi qu'il en soit, il existe des preuves par l'image que la lecture masculine, même minoritaire, reste florissante...



Under the Silver lake, film de David Robert Mitchell

En 2018, ce film qui m'avait totalement échappé, a été repéré obtenant 6 nominations à Cannes cette année-là. J'ai été scotché par cette histoire et l'ambiance intrigante et inquiétante dans laquelle il nous enfonce avec une volonté farouche. On n'y échappe pas. Dès le début, la musique y joue un rôle singulier, il s'agit de bruitages grinçants, de longs filets de mélopées jouées par des cordes ou de succès des années 70. Très efficace. Dès le début, le quotidien du personnage principal, un habitant de Los Angelès trentenaire, se peuple de faits étranges. Un écureuil tombe d'un arbre et s'écrase à ses pieds.
Ses voisines jouent un curieux ballet d'apparitions disparitions autour dune piscine et parmi elles, une jolie blonde qui lui donne rendez-vous pour un lendemain qui n'aura pas lieu et là est le début de l'intrigue, il veut la retrouver et savoir pourquoi elle a déménagé en pleine nuit sans lui laisser de message.

Film étrange à l'esthétique soignée, j'ai vraiment aimé, je l'ai regardé deux fois de suite.

Avec Andrew Garfield, Riley Keough... 2h19.











mardi 12 novembre 2019

Syngué Sabour, de Atiq Rahimi

Prix Goncourt de 2008, ce petit roman vite consumé est certainement un texte rare. Le récit de la vie de ce couple est originalement introduit par le monologue d'une femme veillant son mari blessé lors  de combats au Proche Orient. Il est inerte mais respire. La femme va lentement s'émanciper dans ce faux dialogue et parvenir à des révélations pour elle-même d'abord.
La chute est stupéfiante. Magnifique et terrifiant.

























Les vingt premières pages sont disponibles là.

Ce récit a suscité une adaptation au cinéma, en 2013, réalisée par l'auteur lui-même.








dimanche 10 novembre 2019

Philippe Bihouix, sur Thinkerview

Beaucoup de choses à méditer dans ces presque deux heures d'exposé.




Sorry we missed you, film de Ken Loach

Il y a quelque chose de mécanique dans les scénarios de Ken Loach. En gros, on sait qu'à chaque fois, le pire arrive, les menaces qui se pointent à mesure que les victimes s'enfoncent dans la crise se transforment à coup sûr en cata dont ne sait pas comment elles pourraient s'en sortir. Là, on ne sait pas pourquoi le camion neuf qui sert au personnage principal et qu'il a acheté en vendant la voiture de sa femme qui en avait besoin pour son boulot, échappe au tsunami de tragédies annoncées et transformées.
C'en est presque comique à force. Le grand ado entré en rébellion générale est assez drôle notamment.

Ceci dit, on est bien d'accord, les plateformes d'emploi ubériformes, dans leur exploitation cynique  de l'humain, développent de nouvelles formes d'esclavage.









Tout est possible, film documentaire de John Chester

Au début du film, on nous explique qu'une opération de crowdfunding a merveilleusement marché. Après, à mesure que la ferme, située à 45 minutes au nord de Los Angeles se développe et qu'apparaissent les installations dernier cri de valorisation des composts, de récupération d'eau et qu'on voit planter des hectares d'arbres fruitiers formant de bien jolies lignes courbes dans un paysage valonné, on se dit que oui, tout est possible, avec des centaines de milliers de dollars.
Cette remarque acerbe étant faite, on a bien apprécié l'esprit du chantier et le scénario qu'on nous propose, la truie Emma qui est malade, comment on gère les invasions d'escargots avec les poules, et la problématique des attaques de coyotes… Bon, mais on est loin de notre quotidien et de ce qui est possible ici, en Dordogne aujourd'hui...




Eric Toulis, chanteur visionnaire

Un enregistrement de 2011, mais la chanson est encore plus ancienne de 10 ans. Et la voici décrivant notre actu !




la java du caniveau

Paroles et musique : Toulis - Next Music

Voici l’histoire bien ordinaire
Qui m’est arrivée cet hiver

Cette histoire, c’est un peu la vôtre

Car elle n’arrive pas qu’aux autres

Un jour, le grand patron m’a dit,

Vous passerez me voir à mon bureau

Monsieur Machin, on vous remercie

Et j’ai jamais retrouvé d’boulot

Une compression de personnel

Fut mon dernier cadeau de Noël

Alors, tout s’est accéléré

Mon existence a basculé

Depuis, j’habite rue de nulle part

Comme ça, ça m’est tombé dessus

Certains choisissent d’être clochard,

Moi j’ai pas choisi d’être à la rue


Ça s’est passé en moins de six mois

Avant je vivais comme toi

Maintenant je dors dans un caniveau

Avec mes sacs et mon manteau


Les règles du grand capital

Ont tout volé même le vital

Le nécessaire avant l’envie

Ma vie est devenue la survie

Ma maison c’est un carton d’emballage Ikea

C’est là que je bossais comme un con

Avant qu’ils aient plus besoin de moi

« J’ai faim » marqué sur un panneau

Je fais le mendiant dans le métro

Ça fait bizarre je vous assure

D’plus voir les gens mais leurs chaussures

Et croyez pas que ça m’amuse

De devoir faire mon p’tit numéro

Du messieurs-dames, je m’excuse,

Une pièce ou un ticket resto


Ça s’est passé en moins de six mois

Avant je vivais comme toi

Maintenant je dors dans un caniveau

Avec mes sacs et mon manteau


Les grandes vacances toute l’année

Et les joies du camping forcé

Je vous le souhaite pas mais méfiez-vous

Un jour ça tombera peut-être sur vous

Peut-être qu’un jour ce sera votre tour

D’aller crever au pied des tours

L’oeil ébloui par la lumière

Des grands fabricants de misère

Des belles multinationales

Qui font des pauvres et des maudits

Des millions de gens qui crèvent la dalle

Pour la cinglerie du profit

Et quand arrivera l’euro, vous n’en verrez pas la couleur

Ce s’ra les mêmes qu’en auront trop

Messieurs, mesdames à vot’ bon coeur


Ça s’est passé en moins de six mois

Avant je vivais comme toi

Maintenant je dors dans un caniveau

Avec mes sacs et mon manteau


Alors vous vivrez l’aventure

Que vivent les nouveaux clodos

Car dans la rue la vie est dure

La rue, ça fait pas de cadeau

Assis sur le banc de touche,

Non, vous n’aurez pas le choix,

On vous mènera de force à la douche

Que vous soyez sale ou pas

Pour conserver bonne apparence

Vous vous raserez tous les matins,

Mais les jours de grande ‘affamance’,

Vous volerez les grands magasins

A un feu rouge pour 10 francs

A des gens tous indifférents

Vous serez vendeurs du Lampadaire

L’hebdomadaire de la galère


Ça s’est passé en moins de six mois

Avant je vivais comme toi

Maintenant je dors dans un caniveau

Avec mes sacs et mon manteau


Oui, mais je sais qu’un jour viendra

Un jour, le vase débordera

Les pauvres, on se réunira

Voilà ce qui arrivera

En ayant marre d’être cocus,

Tous les exclus de la galette

On viendra reprendre notre dû

Cette fois, c’est vous qu’aurez les miettes

Comme y’aura pas d’autres solutions,

On refera la révolution

Des millions d’pauvres dans la rue

Ça peut vous r’foutre un beau chahut

Et on s’en ira pique-niquer

Sur les belles pelouses de l’Elysée

Et ce jour là, planquer l’artich,

Y fera pas bon être trop riche


Ça s’est passé en moins de six mois

Avant je vivais comme toi

Maintenant je dors dans un caniveau

Avec mes sacs et mon manteau


Les grandes vacances toute l’année

Et les joies du camping forcé

Je vous le souhaite pas mais méfiez-vous

Un jour, ça tombera p’être sur vous !