mardi 9 mars 2010

Aurore

J'avais vu le jour dévorer l'obscurité
Du lit déplacé sous la fenêtre, j'observais la ronde des goélands,
En te gardant doucement,
Lovée dans mes bras.
Tu dormais.
Je voulais attarder en moi
Ta respiration lente.
Le temps n'était pas arrêté,
Mais je le tenais,
Au bout de mes doigts,
Et la peur depuis quelques heures m'avait oubliée.

A droite au-dessus de la jetée, une lune pâle
Sombrait aux abysses verts
Et je vis ton sang,
Fluide écarlate
M'emplir les yeux.

Je passai mes mains au plus près de ta peau,
Sous le linge froissé de ta chemise de nuit,
Blanche.
Je te serrai un peu plus encore.
Tu te nichais douillettement,
Et renversais la tête en arrière,
Légèrement.
En soupirant, tu te rendormis profondément.
Tout près de mon visage, tes lèvres entrouvertes
Promettaient la folie
Et semblaient décocher,
Contre ma mort,
Des traits définitifs.

L'univers bleuté qui s'agitait au-dehors
Rappelait qu'un jour nouveau venait,
Plein d'incertitude.
Alors que là, dans mes mains, sur ma peau, à l'instant même.

Une mare de lumière incandescente
Sur les draps allumés
Nous inonda bientôt.
Le sommeil nous abandonna.
L'âtre aux cendres refroidies,
La terre battue du sol,
Les murs humides.

Je mordis ton cou.
Tu gémis,
Mais tu ne dis rien,
Comme d'habitude.
Aujourd'hui, tu porteras un foulard.
Bleu, peut-être, et j'y verrai l'aube faible,
Qui m'aura vu survivre,
Un peu.

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