Une multinationale réclame 15 milliards de dollars suite à l’abandon d’un projet d’oléoduc
Le
6 novembre dernier, Barack Obama a annoncé l’abandon de la construction
de l’oléoduc Keystone XL. Porté par le consortium TransCanada, ce long
oléoduc de 1 900 kilomètres devait transporter le pétrole issu des
champs de sables bitumineux de l’Alberta jusque dans le Golfe du
Mexique. Deux mois après cette décision, dans un communiqué
daté du 6 janvier, l’entreprise canadienne TransCanada annonce son
intention de poursuivre l’État fédéral américain devant un tribunal
arbitral. TransCanada réclame 15 milliards de dollars US de
compensation, pour ce qu’elle considère être une violation des
obligations prévues par l’accord de libre-échange nord-américain
(Alena).
L’entreprise soutient que le rejet du projet est « arbitraire et injustifié », et que la décision ultime de refuser le permis a été motivée par des considérations politiques et non par l’évaluation du projet lui-même. Elle prétend aussi que des permis ont été octroyés à des projets similaires dans le passé. TransCanada affiche son intention de déposer une requête devant un tribunal arbitral en vertu du chapitre 11 de l’Alena. Ce chapitre établit un dispositif permettant aux entreprises étrangères de porter plainte contre un État ou une collectivité territoriale, dès lors qu’une décision publique menace ses intérêts [1]. Cette même procédure permet à l’entreprise canadienne Lone Pine resources d’utiliser une de ses filiales américaines pour attaquer le moratoire existant au Québec contre l’utilisation de la fracturation hydraulique [2].
Inquiétude des citoyens
TransCanada a par ailleurs initié un recours juridique parallèle contre le gouvernement Obama, auprès d’une cour fédérale au Texas. L’entreprise estime que le refus du Président d’accorder le permis de construire de l’oléoduc excède les pouvoirs définis par la Constitution américaine. « La compagnie aura ainsi le privilège de choisir la décision qui lui sera la plus avantageuse, droit dont nul autre citoyen ou entreprise nationale ne peut jouir », relève le Collectif Stop Tafta dans un communiqué. Sur 514 différends connus fin 2012 entre investisseurs et États, les entreprises ont été victorieuses, en tout ou partie de leurs poursuites, dans 58 % des cas [3].
Les plaintes déposées par TransCanada confirment les inquiétudes des mouvements sociaux et citoyens. Ceux-ci alertent les responsables politiques sur les dispositions similaires prévues dans l’accord entre l’Union européenne et le Canada (Ceta) et l’accord entre l’UE et les États-Unis (Tafta). « Alena, Tafta ou Ceta sont incompatibles avec les objectifs affichés lors de la COP21, car ils permettront à n’importe quelle entreprise du secteur des énergies fossiles d’attaquer toute politique ambitieuse visant à la transition énergétique », prévient Amélie Canonne, de la campagne Stop Tafta en France. Le coût de la procédure et les potentielles indemnités, facturés aux contribuables américains, pourraient paralyser toute action publique en matière de lutte contre le changement climatique.
« L’idée que certains accords commerciaux devraient nous forcer à surchauffer l’atmosphère de la planète est tout simplement ahurissante », dénonce Bill Mc Kibben de l’ONG 350.org. Qui appelle l’administration Obama à étendre ce refus à tous les projets d’infrastructure « climaticides ». « Ce serait un signal clair envoyé à l’industrie et aux investisseurs que le statu quo n’est plus acceptable ». Un statu quo qui n’a pas été levé par la COP21 puisque l’Accord de Paris n’a posé aucune limite à la primauté du commerce international et du droit des investisseurs sur l’urgence climatique.
Article de Sophie Chapelle dans Basta !
L’entreprise soutient que le rejet du projet est « arbitraire et injustifié », et que la décision ultime de refuser le permis a été motivée par des considérations politiques et non par l’évaluation du projet lui-même. Elle prétend aussi que des permis ont été octroyés à des projets similaires dans le passé. TransCanada affiche son intention de déposer une requête devant un tribunal arbitral en vertu du chapitre 11 de l’Alena. Ce chapitre établit un dispositif permettant aux entreprises étrangères de porter plainte contre un État ou une collectivité territoriale, dès lors qu’une décision publique menace ses intérêts [1]. Cette même procédure permet à l’entreprise canadienne Lone Pine resources d’utiliser une de ses filiales américaines pour attaquer le moratoire existant au Québec contre l’utilisation de la fracturation hydraulique [2].
Inquiétude des citoyens
TransCanada a par ailleurs initié un recours juridique parallèle contre le gouvernement Obama, auprès d’une cour fédérale au Texas. L’entreprise estime que le refus du Président d’accorder le permis de construire de l’oléoduc excède les pouvoirs définis par la Constitution américaine. « La compagnie aura ainsi le privilège de choisir la décision qui lui sera la plus avantageuse, droit dont nul autre citoyen ou entreprise nationale ne peut jouir », relève le Collectif Stop Tafta dans un communiqué. Sur 514 différends connus fin 2012 entre investisseurs et États, les entreprises ont été victorieuses, en tout ou partie de leurs poursuites, dans 58 % des cas [3].
Les plaintes déposées par TransCanada confirment les inquiétudes des mouvements sociaux et citoyens. Ceux-ci alertent les responsables politiques sur les dispositions similaires prévues dans l’accord entre l’Union européenne et le Canada (Ceta) et l’accord entre l’UE et les États-Unis (Tafta). « Alena, Tafta ou Ceta sont incompatibles avec les objectifs affichés lors de la COP21, car ils permettront à n’importe quelle entreprise du secteur des énergies fossiles d’attaquer toute politique ambitieuse visant à la transition énergétique », prévient Amélie Canonne, de la campagne Stop Tafta en France. Le coût de la procédure et les potentielles indemnités, facturés aux contribuables américains, pourraient paralyser toute action publique en matière de lutte contre le changement climatique.
« L’idée que certains accords commerciaux devraient nous forcer à surchauffer l’atmosphère de la planète est tout simplement ahurissante », dénonce Bill Mc Kibben de l’ONG 350.org. Qui appelle l’administration Obama à étendre ce refus à tous les projets d’infrastructure « climaticides ». « Ce serait un signal clair envoyé à l’industrie et aux investisseurs que le statu quo n’est plus acceptable ». Un statu quo qui n’a pas été levé par la COP21 puisque l’Accord de Paris n’a posé aucune limite à la primauté du commerce international et du droit des investisseurs sur l’urgence climatique.
Article de Sophie Chapelle dans Basta !
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