J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique, La ville et la campagne, enfin tout, Il n’est rien qui ne me soit souverain bien, Jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. Jean de La Fontaine
samedi 11 mai 2019
La carte de résidence, par Les Ogres de Barback et Zebda
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
Si nous devons vous dire "Adieu"
Sachez bien que nos aïeux
Ont combattu pour la France
Bien avant la Résidence...
Solidarité avec les sans papiers !
mercredi 8 mai 2019
Blanche Gardin sur la question d' "être un homme / une femme"
Ce n'est plus vraiment de l'humour, c'est de la sociologie appliquée, et il n'y a rien à jeter...
lundi 6 mai 2019
Blanche comme Neige, de Anne Fontaine
Je suis allé voir ça, j'ai bien aimé. Lou de Laâge est une fausse ingénue parfaite qui joue la princesse enjoleuse et libre alors qu'Isabelle Huppert, bouffée par la jalousie est délicieusement perfide et odieuse sous des sourires carnassiers. Il y a aussi Vincent Macaigne, quel drôle de personnage celui-là, très séduisant perdu dans sa timidité maladive, et Damien Bonnard, qui joue les deux frères jumeaux, c'est lui qui a remporté la palme des câlins filmés à la jeune actrice Lou, puisqu'elle fricote avec les deux frères tour à tour.
Une adaptation contemporaine du conte traditionnel, limpide, peut-être trop, il y manque sans doute un peu de mystère, des implicites à gamberge, je ne sais pas...
Reste que pour moi, c'est un film savoureux.
Une adaptation contemporaine du conte traditionnel, limpide, peut-être trop, il y manque sans doute un peu de mystère, des implicites à gamberge, je ne sais pas...
Reste que pour moi, c'est un film savoureux.
Sous les noms de la princesse et de la reine-mère vous vous dites ; les sept noms d'acteurs, tous des hommes, là, c'est les sept nains, forcément. Le problème c'est que vous ne suivez pas ce qu'on vous dit personne ne prend de note alors c'est sûr que c'est bien la peine d'espliquer aux gens ! Nan mais comme Damien Bonnard joue deux amoureux de la princesse, alors y'a un nom de trop. C'est Charles Berling, lui il fait le vieux roi fatigué et déchu...
Vélorution 24 y sera !
De plus, Vélorution périgourdine donne rendez-vous aux cyclistes de toutes couleurs le samedi 7 septembre à Périgueux pour une méga-véloparade festive !
dimanche 5 mai 2019
RIC, le référendum d'initiative citoyenne expliqué à tous, par Raul Magni-Berton et Clara Egger
Les deux auteurs principaux ont répondu à un journaliste de Marianne, et cela éclaire grandement les points forts de ce livre...
Un livre co-écrit avec Ismaël Benslimane, Nelly Darbois, Albin Guillaud et Baptiste Pichot.
Un livre co-écrit avec Ismaël Benslimane, Nelly Darbois, Albin Guillaud et Baptiste Pichot.
Avec "Le référendum d'initiative citoyenne expliqué à tous", Clara Egger et Raul Magni-Berton font un état des lieux du RIC en analysant sa pratique à travers le monde. Ils nous livrent aussi le mode d'emploi pour la France d'un mécanisme démocratique qui se gagne par la lutte.
C'est très vite devenu la revendication emblématique des gilets jaunes, presque le dénominateur commun d'un mouvement disparate. Le RIC, référendum d'initiative citoyenne, est apparu comme l'instrument de la reprise du pouvoir pour une population oubliée. Un évènement historique, car il est rarissime qu'un mouvement social réclame une mesure institutionnelle. Clara Egger et Raul Magni-Berton, deux universitaires grenoblois qui travaillent depuis des années sur la démocratie directe, l'ont remarqué tout en constatant que nombre de responsables politiques et de commentateurs redoutaient ce RIC perçu comme un dangereux saut dans l'inconnu de la volonté populaire.
Pourtant, on dispose de recul sur ce mécanisme existant dans 36 pays à travers le monde, bien qu'il n'ait jamais été utilisé dans 18 d'entre eux. Car le RIC compte nombre de variantes et certaines se révèlent impraticables. Les deux chercheurs en science politique nous l'apprennent dans Le référendum d'initiative citoyenne expliqué à tous, un livre qui relève aussi bien du mode d'emploi que de la méta-analyse. Il s'appuie en effet sur l'ensemble des études disponibles pour délivrer quantité de données sur ce référendum et ses conséquences. Un travail d'intérêt public à recommander à chacun, du bord des ronds-points à l'Elysée.
Marianne : Comment un pays en vient-il à instaurer le RIC ?
Clara Egger : On parle beaucoup d'une culture du compromis propre à la Suisse, en oubliant que le RIC y a résulté d'une lutte politique. C'est toujours quelque chose que les élus lâchent, car ils perdent du pouvoir en démocratie directe. La pression populaire les y contraint, comme en Suisse où l'on a frôlé plusieurs fois la guerre civile alors que des territoires réclamaient l'auto-gestion.
Raul Magni-Berton : En Europe de l'est, en Amérique du sud comme en Italie où on l'accorda à la chute de Mussolini, il a accompagné le passage d'une dictature à la démocratie. Contrairement à la Suisse ou aux Etats-Unis, il n'y a pas eu de lutte. Mais cela donne un RIC sans grand intérêt, car on l'a donné en le bridant.
"Les modèles qui marchent ont des seuils de signatures accessibles. (...) Les citoyens doivent aussi obtenir un contrôle total."
Vous constatez qu'il ne fonctionne bien qu'en Suisse et dans les états américains. Pourquoi ?
RMB : Le modèle suisse est le plus pur car il englobe tous les sujets en permettant une révision constitutionnelle, ce qui est également le cas dans de nombreux états des Etats-Unis, mais pas au niveau fédéral. Au contraire, dans le modèle sud-américain, beaucoup de sujets sont interdits. Or pour que le dispositif améliore les politiques publiques, notamment au plan budgétaire, les citoyens doivent obtenir un contrôle total.
CE : Les modèles qui marchent ont aussi des seuils de signatures accessibles, et encore plus importante est la question du quorum, taux de participation minimal pour valider une décision. Un instrument pour tuer le RIC.
Il témoigne tout de même de l'intérêt des gens concernés. Et en Suisse comme aux Etats-Unis, le taux de participation moyen s'avère faible. Y aurait-il un manque d'appétence pour cette démocratie directe ?
CE : Le RIC produit des publics sur des enjeux. Des gens se déplacent sur certains sujet et pas sur d'autres. Si je suis intéressé, je me renseigne et me prononce. Sinon je ne me déplace pas, et ce n'est pas grave. La participation pose problème quand elle renvoie à de l'exclusion, comme en France où l’abstention exprime un rejet du système plus qu'un désintérêt.
En France, il y a aussi comme une tendance à rejeter le peuple. Pour écarter l'idée du RIC, on suppose qu'il va mal voter...
CE : Ce même argument autrefois utilisé contre le suffrage universel ou le vote des femmes qu'on disait manipulées par les curés. Alors que si les gens ne sont pas sûrs de leur vote, s'ils trouvent la proposition trop risquée, ils la rejettent.
On observe ainsi des résultats plutôt mesurés.
RMB : Les décisions sont proches de ce que pense une personne moyenne et modérée. On constate aussi une plus grande responsabilité économique. Les pays avec le RIC ont moins de dette, moins de dépenses publiques. Chacune est évaluée en conséquence car ceux qui la votent la payent.
Il y aurait aussi une meilleure redistribution.
CE : Il est difficile d'être trop affirmatif car peu de pays disposent du RIC en matière fiscale. Reste que les chercheurs ont constaté que la dépense publique ne se fait pas au détriment des pauvres mais au bénéfice de la communauté.
RMB : Il n'y a ni plus ni moins de justice sociale avec la démocratie directe, mais davantage de redistribution grâce aux économies effectuées. En Suisse, il y a moins d’impôt, mais il va beaucoup plus qu'en France des riches vers les pauvres. Aux Etats-Unis, le président Madison refusa d'ailleurs la démocratie directe au niveau fédéral car il pensait que les pauvres allaient piller les riches, sauf que ce n'est pas le cas là où elle existe. Ce sont des pays capitalistes, mais leur fonctionnement permet aux pauvres de taxer les riches si besoin.
Le RIC ne représente pas non plus forcément l'avant-garde de la démocratie. Des états américains l'ont utilisé pour ré-introduire la peine de mort et la Suisse n'a accordé le droit de vote aux femmes qu'en 1971.
CE : Quand on a beaucoup de droits politiques, on a tendance à restreindre leur extension. Devenir un citoyen suisse prend ainsi longtemps, avec un contrôle très fort. Quant à la peine de mort, c'est l'opinion de la majorité qui compte. Les Etats-Unis sont connus pour l'aimer, le RIC ne fait que le refléter.
RMB : Sur ces mêmes sujets, mais en inversant les pays, on peut aussi avoir deux exemples de progressisme. Le Colorado fut le premier territoire à accorder le droit de vote aux femmes, par RIC en 1893, 51 ans avant la France. De son côté, la Suisse a voté contre la peine de mort en 1938, soit 43 ans avant la France.
Parmi les pays qui se sont dotés du RIC en Europe, certains ont-ils réinstauré la peine de mort ?
RMB : Non. Toutes les votations européennes depuis le 20ème siècle ont été contre, à l'exception d'un référendum d'initiative présidentielle en Biélorussie. Le RIC n'a lui jamais conduit à la moindre demande pour réintroduire cette peine.
Y a-t-il eu des retour en arrière sur l'avortement ou d'autres droits acquis ?
RMB : Aucun. Il y a eu des votes contre le mariage des homosexuels, mais seulement quand la question se posait, jamais pour revenir dessus.
"Le RIC produit un effet pacificateur chez les plus radicaux"
Pensez-vous qu'un mariage pour tous proposé par RIC aurait conduit à moins de tensions en France ?
CE : Probablement. Le RIC n'est pas incompatible avec les manifestations, mais il produit un effet pacificateur chez les plus radicaux car c'est un outil de conflit de type argumentatif. Et comme quand on joue à un jeu dont on connait les règles, on peut reconnaître sa défaite, quitte à recommencer. Alors que si la décision vient d'en haut, on a tendance à trouver le jeu injuste.
La jeunesse suisse apprécie d'ailleurs son système politique à la différence de bien d'autres...
RMB : On le voit particulièrement chez les extrémistes. Un jeune Macroniste est comparable à un centriste helvétique, mais si l'on prend les anti-capitalistes, les ultra-nationalistes ou les islamistes, ils sont en Suisse aussi contents du système que les autres, tandis que les Français y sont totalement opposés.
L'exemple suisse renvoie à un petit pays. Le RIC peut-il s'appliquer dans des grands ?
RMB : L'endroit où il est le plus utilisé après la Suisse, c'est la Californie. Avec 40 millions d'habitants, sa population est certes moindre qu'en France, mais son PIB est supérieur. Et elle a des marges de manœuvre très grande car aux Etats-Unis près de 80 % des impôts relèvent de l'Etat. La taille n'apparait pas comme un argument majeur, mais plus on donne de compétences à des échelons infra-nationaux, mieux le RIC fonctionne en permettant d'adapter les demandes aux besoins. Il peut marcher dans un pays centralisé, mais moins bien qu'avec une autonomie fiscale importante des régions.
Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, a mis dernièrement en garde contre le RIC en y voyant en Suisse un instrument pour les lobbys. Que lui répondez-vous ?
CE : Si l'on parle de groupes d'intérêts constitués quels qu'ils soient, tel que l'association des parents du quartier, oui, les lobbys seront avantagés. Car une organisation sera plus à même de faire une pétition. Ferrand évoque plutôt les lobbys économiques, qui collaborent déjà en France avec les élus pour rédiger les lois, de façon non transparente. Avec le RIC on les voit agir. Et avant de voter, on regarde la position de ceux auxquels on s'oppose, par exemple l'industrie du tabac.
RMB : Beaucoup de gens votent en fonction de qui ils détestent. Il veut ça, je vote le contraire. A la fin les politiques publiques ressemblent beaucoup plus à ce que veut la majorité que tel ou tel lobby. Ferrand se fonde sur l'idée que l'on peut manipuler plus facilement 51 % de l'électorat qu'un président. Or un pouvoir centralisé, et encore mieux un dictateur, est beaucoup plus facile à manipuler. Avec la population, c'est très dur. On l'a vu avec le référendum sur l'Europe de 2005 ou le Brexit. Tous les pouvoirs économiques étaient pour le oui, mais le non a gagné.
Peut-être à cause d'un climat de défiance...
RMB : En Suisse, tout le monde est parano, donc on veut voir carte sur table. Et dès qu'il y a trop de pub, c'est louche.
CE : Il est prouvé que le RIC accroit la confiance dans le système politique, mais pas celle dans les gouvernants. Il accroit au contraire la méfiance et le contrôle.
"Le RIC accroit énormément la connaissance"
Accroit-il aussi la connaissance ?
CE : De façon énorme. Deux indicateurs sont connus pour évaluer la connaissance politique, le revenu et l'éducation. Une étude menée en Suisse a montré que le RIC avait le même effet que d'amener à un diplôme les personnes ayant arrêté l'école à la fin de la scolarité obligatoire. Quant au revenu, l'effet RIC équivaut à une augmentation de 5000 à 9000 francs suisses par an. Cette mesure peu couteuse augmente ainsi considérablement la connaissance.
RMB : Un sondage a aussi été fait dans les pays européens pour évaluer les connaissances sur l'Union européenne. Les Suisses se sont révélés ceux qui en comprennent le mieux le système, eux qui ont voté non à l'adhésion.
Que vous inspire le référendum d'initiative partagée lancé par près de 200 parlementaires contre la privatisation des aéroports de Paris ?
RMB : On a le nombre de députés requis, une première, mais il manque un petit détail : les signatures. Il en faut près de 4,6 millions, 10 % du corps électoral.
Un seuil inhabituel ?
RMB : Non, c'est très courant dans les pays où ça ne marche pas.
Pourquoi préconisez-vous pour la France un seuil de 700.000 personnes ?
CE : Il faut un équilibre entre pourcentage d'électeurs et chiffre absolu. 700.000 correspond à 1,7 % du corps électoral. En Suisse c'est 2 %, mais la Suisse est petite. En Italie, c'est 1 %, mais ce n'est pas d'un niveau constitutionnel.
Vous proposez d'instaurer le RIC par une révision de l'article 89 de la Constitution, sans vous faire d'illusion. Seule une lutte de type gilets jaunes permettra-t-elle de le gagner ?
RMB : On ne croit pas qu'il sera donné. Ecouter Macron suffit pour s'en convaincre. Il peut certes proposer comme il semble vouloir le faire un RIC au niveau local, mais cela n'aura guère d'impact car les compétences des collectivités territoriales françaises sont très faibles. En l'associant avec le référendum d'initiative partagée, on serait proche d'un RIC à la russe, qui n'a jamais été utilisé car il combine des seuils trop importants et une limitation des sujets abordables. Nous voulons plutôt un RIC à la suisse. Et comme avoir un but clair rend une lutte efficace, on essaie de contribuer en montrant le plus évident, facilement revendicable.
*RIC, le référendum d'initiative citoyenne expliqué à tous, de Clara Egger et Raul Magni-Berton, FYP, sortie le 19 avril.
Déclaration du 1er mai des Gilets Jaunes de Dordogne
Malgré l’escalade répressive du gouvernement, l’accumulation de lois qui aggravent pour tous et toutes les conditions de vie, qui détruisent les droits et libertés, la mobilisation s’enracine pour changer le système incarné par Macron !
Depuis 5 mois, partout en France, sur les ronds-points, nous continuons à débattre, à nous battre contre toutes les formes d’inégalités, d’injustice, de discrimination et pour la solidarité et la dignité.
Nous revendiquons l’augmentation générale des salaires,
des retraites et des minimas sociaux,
des services publics pour toutes et tous.
Notre solidarité et nos luttes vont tout particulièrement
aux 9 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté.
Conscients de l’urgence environnementale, nous affirmons :
Fin du monde, fin du mois, même logique, même combat !
Face à la mascarade évidente du grand débat et du mépris du Président, face à un gouvernement non représentatif et au service d’une minorité privilégiée, nous mettons en place les nouvelles formes d’une démocratie directe.
Bien qu’attaché.es à notre indépendance, nous appelons à une convergence avec les syndicats, associations et organisations qui se retrouvent dans nos luttes.
Afin d’amplifier le rapport de force, de mettre l’ensemble des citoyennes et citoyens exploité.e.s en ordre de bataille contre ce système,
Nous lançons plusieurs appels : contre la répression et pour l’annulation des peines des prisonniers et condamnés du mouvement.
Nous invitons toutes les personnes voulant mettre fin à l’accaparement du Vivant à nous rejoindre dans la lutte, pour créer ensemble, par tous les moyens nécessaires un nouveau mouvement social écologique populaire.
La multiplication des luttes actuelles nous appelle à rechercher l’unité d’action.
Conscient.e.s que nous avons à combattre un système d’exploitation global, nous considérons qu’ il faut sortir du capitalisme.
Ainsi nous désirons collectivement ce fameux « toutes et tous ensemble ».
Le pouvoir du Peuple, par le Peuple, pour le Peuple !
Les Gilets Jaunes de Dordogne - 1er mai 2019
Prochaine réunion jeudi 9 mai à 19h30, salle d’Atur en face de la mairie.
samedi 4 mai 2019
Comment tout peut s'effondrer, de Pablo Servigne et Raphaël Stevens
Vous aimez vous faire peur ?
La difficulté c'est qu'on évoque là un futur sans doute proche et archi plausible. Pour les auteurs, la question n'est plus de savoir si cela se produira mais quand…
Nul ne sait d'où partira la dégringolade du système monde, entraînant tous les circuits à l'extinction par un jeu de domino définitif, il y a plein de pistes : la raréfaction des matières premières, l'effondrement de la biodiversité faisant chuter la production agricole, une crise financière dans un seul pays entraînant les autres, une catastrophe climatique ?
L'impasse dans laquelle le système capitaliste est en train de nous enfoncer n'a pas d'issue, aucun retour en arrière n'est possible. Parce que l'économie mondiale ne peut pas fonctionner sans croissance, et que celle-ci est très limitée dans le temps, parce que la catastrophe environnementale a bien lieu sous nos yeux.
La mise en perspective des chaos civilisationnels de l'histoire tendrait à rassurer - les grands systèmes politiques ont toujours eu une durée de vie limitée, et ont toujours redonné naissance à d'autres élaborations politiques. Les hommes se réorganiseront donc forcément.
Mais la chute sera rude… Tentons d'imaginer la vie quotidienne sans fourniture d'énergie ni d'eau, ni de sécurité, ni de système d'information… Il est plus question maintenant d'un retour au néolithique qu'au Moyen-Age, parce que la désorganisation serait totale, extrême.
Les auteurs parient sur la capacité des humains à se soutenir, s'organiser et rester solidaires, ce qui, notent-ils, est la réaction première et majoritaire en cas de grosse catastrophe collective actuellement.
Mais si on en vient à ce grand effondrement promis, nul ne peut dire comment réagiraient la plupart des groupes humains, la différence avec les grandes tragédies actuelles étant que rien ne subsisterait d'une forme d'autorité publique garantissant le rétablissement à terme d'une force publique. Il est plus facile de se relever quand les territoires voisins fonctionnent encore et peuvent venir vous aider à vous rétablir.
Une question en passant : que deviendraient les centrales nucléaires en cas d'effondrement de la capacité des états à contrôler leurs machines ? Ne faut-il pas commencer dès maintenant à les mettre progressivement à l'arrêt avant qu'elles ne se foucouchimasent en série rendant notre joli territoire totalement inhabitable ?
Ah oui, ça fout les jetons. Il ne faut pourtant pas occulter cette question ni refuser de l'envisager. Moins dure sera la chute...
La difficulté c'est qu'on évoque là un futur sans doute proche et archi plausible. Pour les auteurs, la question n'est plus de savoir si cela se produira mais quand…
Nul ne sait d'où partira la dégringolade du système monde, entraînant tous les circuits à l'extinction par un jeu de domino définitif, il y a plein de pistes : la raréfaction des matières premières, l'effondrement de la biodiversité faisant chuter la production agricole, une crise financière dans un seul pays entraînant les autres, une catastrophe climatique ?
L'impasse dans laquelle le système capitaliste est en train de nous enfoncer n'a pas d'issue, aucun retour en arrière n'est possible. Parce que l'économie mondiale ne peut pas fonctionner sans croissance, et que celle-ci est très limitée dans le temps, parce que la catastrophe environnementale a bien lieu sous nos yeux.
La mise en perspective des chaos civilisationnels de l'histoire tendrait à rassurer - les grands systèmes politiques ont toujours eu une durée de vie limitée, et ont toujours redonné naissance à d'autres élaborations politiques. Les hommes se réorganiseront donc forcément.
Mais la chute sera rude… Tentons d'imaginer la vie quotidienne sans fourniture d'énergie ni d'eau, ni de sécurité, ni de système d'information… Il est plus question maintenant d'un retour au néolithique qu'au Moyen-Age, parce que la désorganisation serait totale, extrême.
Les auteurs parient sur la capacité des humains à se soutenir, s'organiser et rester solidaires, ce qui, notent-ils, est la réaction première et majoritaire en cas de grosse catastrophe collective actuellement.
Mais si on en vient à ce grand effondrement promis, nul ne peut dire comment réagiraient la plupart des groupes humains, la différence avec les grandes tragédies actuelles étant que rien ne subsisterait d'une forme d'autorité publique garantissant le rétablissement à terme d'une force publique. Il est plus facile de se relever quand les territoires voisins fonctionnent encore et peuvent venir vous aider à vous rétablir.
Une question en passant : que deviendraient les centrales nucléaires en cas d'effondrement de la capacité des états à contrôler leurs machines ? Ne faut-il pas commencer dès maintenant à les mettre progressivement à l'arrêt avant qu'elles ne se foucouchimasent en série rendant notre joli territoire totalement inhabitable ?
Ah oui, ça fout les jetons. Il ne faut pourtant pas occulter cette question ni refuser de l'envisager. Moins dure sera la chute...
Ce livre date de 2015.
Depuis, Pablo Servigne a écrit en 2017 avec Gauthier Chapelle "L'entraide, l'autre loi de la jungle"
et en 2018, ces deux-là rejoints par Raphaël Stevens ont proposé : "Une autre fin du monde est possible".
Elle parle à sa valise, de Régis Cunin
Tous simplement l'une des plus belles chansons du monde.
Malheureusement indisponible dans sa version Studio. J'étais tombé sur ce CD par hasard en piochant dans les bacs de la médiathèque de Périgueux.
L'enregistrement ici n'est pas mal, mais ne vaut pas l'accompagnement original, avec une contrebasse et un accordéon qui me font pleurer à chaque fois .
Très belle écriture très inspirée, cela parle de valise avec des mots-valises...
Je n'ai pas trouvé les paroles sur la toile, je vous les transcris donc moi-même :
Elle parle à sa valise
Elle parle à sa valise dans un jargon bizarre
Désesperdue assise à l'écart dans le square
Vêtue de soliloques toute enjupomponnée
Elle brinquebreloque ses colliers surrannés
Ses mains vagabondissent papillons dérisoires
Et ressassent jadis dans la lumière du soir
Le temps la chagrignotte et son coeur tire au flanc
Sa carcasse grelotte en s'endormitoufflant
Elle parle à sa valise parfois même l'engueule
Petite et rabougrise auprès des grands tilleuls
La jugeotte en vadrouille sans doute loin d'ici
Elle calambredouille en fronçant les sourcils
Avec des gestes rudes, elle renoue son chignon
Sa déboussolitude intrigue les pigeons
Elle hoche la tête décrépiteusement
Elle est sur sa planète c'est un morceau de banc
J'aimerais lui faire des bises la serrer dans mes bras
Lui porter sa valise l'emmener au cinéma
Lui jouer d'la guitare lui offrir un liégeois
Mais je suis en retard et d'ailleurs elle s'en va...
Régis Cunin
Malheureusement indisponible dans sa version Studio. J'étais tombé sur ce CD par hasard en piochant dans les bacs de la médiathèque de Périgueux.
L'enregistrement ici n'est pas mal, mais ne vaut pas l'accompagnement original, avec une contrebasse et un accordéon qui me font pleurer à chaque fois .
Très belle écriture très inspirée, cela parle de valise avec des mots-valises...
Je n'ai pas trouvé les paroles sur la toile, je vous les transcris donc moi-même :
Elle parle à sa valise
Elle parle à sa valise dans un jargon bizarre
Désesperdue assise à l'écart dans le square
Vêtue de soliloques toute enjupomponnée
Elle brinquebreloque ses colliers surrannés
Ses mains vagabondissent papillons dérisoires
Et ressassent jadis dans la lumière du soir
Le temps la chagrignotte et son coeur tire au flanc
Sa carcasse grelotte en s'endormitoufflant
Elle parle à sa valise parfois même l'engueule
Petite et rabougrise auprès des grands tilleuls
La jugeotte en vadrouille sans doute loin d'ici
Elle calambredouille en fronçant les sourcils
Avec des gestes rudes, elle renoue son chignon
Sa déboussolitude intrigue les pigeons
Elle hoche la tête décrépiteusement
Elle est sur sa planète c'est un morceau de banc
J'aimerais lui faire des bises la serrer dans mes bras
Lui porter sa valise l'emmener au cinéma
Lui jouer d'la guitare lui offrir un liégeois
Mais je suis en retard et d'ailleurs elle s'en va...
Régis Cunin
Poésie érotique
Tableau populaire
L’apprenti point trop maigrelet, quinze ans, pas beau,
Gentil dans sa rudesse un peu molle, la peau
Mate, œil vif et creux, sort de sa cotte bleue,
Fringante et raide au point, sa déjà grosse queue
Et pine la patronne, une grosse encore bien,
Pâmée au bord du lit dans quel maintien vaurien,
Jambes en l’air et seins au clair, avec un geste !
A voir le gars serrer les fesses sous sa veste
Et les fréquents pas en avant que ses pieds font ;
Il appert qu’il n’a pas peur de planter profond
Ni d’enceinter la bonne dame qui s’en fiche,
(Son cocu n’est-il pas là confiant et riche ?)
Aussi bien arrivée au suprême moment
Elle s’écrie en un subit ravissement :
« Tu m’as fait un enfant, je le sens, et t’en aime
D’autant plus « — » Et voilà les bonbons du baptême ! «
Dit-elle, après la chose ; et tendre à croppetons*,
Lui soupèse et pelote et baise les roustons.
Gentil dans sa rudesse un peu molle, la peau
Mate, œil vif et creux, sort de sa cotte bleue,
Fringante et raide au point, sa déjà grosse queue
Et pine la patronne, une grosse encore bien,
Pâmée au bord du lit dans quel maintien vaurien,
Jambes en l’air et seins au clair, avec un geste !
A voir le gars serrer les fesses sous sa veste
Et les fréquents pas en avant que ses pieds font ;
Il appert qu’il n’a pas peur de planter profond
Ni d’enceinter la bonne dame qui s’en fiche,
(Son cocu n’est-il pas là confiant et riche ?)
Aussi bien arrivée au suprême moment
Elle s’écrie en un subit ravissement :
« Tu m’as fait un enfant, je le sens, et t’en aime
D’autant plus « — » Et voilà les bonbons du baptême ! «
Dit-elle, après la chose ; et tendre à croppetons*,
Lui soupèse et pelote et baise les roustons.
Paul Verlaine, Femmes, 1890
jeudi 2 mai 2019
Je crois me souvenir (8)*
de la voisine d'Alicia de l'autre côté de sa rue. Elle circulait en petite tenue dans son appartement parisien, et semblait s'attarder devant ses fenêtres sans rideaux. Alicia prétendait que ce n'était pas à elle que s'adressaient ces pauses suggestives, mais sûrement plutôt à quelqu'un d'autre de son immeuble. La suite lui donna raison, elle croisa bientôt par hasard dans son quartier la fille lascive main dans la main avec sa voisine du dessus.
* Souvenir fictif inventé "presque" de toutes pièces
* Souvenir fictif inventé "presque" de toutes pièces
mercredi 1 mai 2019
De la Nature, pour Marguerite Porete
Marguerite Porete est une femme originaire du nord de la France qui vécut de 1250 à 1310. Elle est l'autrice d'une oeuvre mystique qui la conduisit au bûcher : "Le miroir des âmes simples et anéanties".
Sur la notice Wikipédia, on trouve cette citation :
« Ah ! Dieu, que Nature est subtile en bien des points en demandant sous apparence de bonté et sous couleur de nécessité ce qui nullement ne lui revient ».
Comme je ne savais pas ce que pouvait représenter le concept de "nature" dans l'esprit d'une femme du XIVème siècle, je posai la question à Pierre-Elie. qui me fit cette réponse :
"c'est difficile à dire sans contexte, mais il semble qu'il y a une tradition exprimée par exemple dans le Roman de la Rose qui parle de l'amour charnel comme d'une ruse de la Nature pour amener les humains à la reproduction. Le Roman de la Rose vante et admire cette ruse. Au contraire, Marguerite Porete dit que la Nature est "subtile" au sens péjoratif : elle est manipulatrice, elle complote et ruse pour "demander" l'esprit et le corps qui ne lui reviennent pas (puisqu'ils reviennent à Dieu). Elle s'oppose à la tradition romanesque qui veut que la Nature est "vicaire de Dieu" et que Dieu et la Nature ont la même volonté. Je suppose qu'elle défend une chasteté absolue – reste à savoir si elle recommande cette chasteté pour quelques âmes pieuses seulement, ou pour l'espèce humaine toute entière ; la phrase ne le dit pas."
J'aimerais croire que "subtile" n'était pas péjoratif, et qu'elle envisageait la ruse de cette "Nature" personnalisée avec beaucoup de malice et comme l'accueillant avec bienveillance. Malheureusement, la pensée et l'oeuvre de Marguerite Porete n'ont pas été mises à l'index dans ce registre-là, mais sur des points de doctrine de théologie pointilleuse, qui n'écartaient pas l'autrice de l'orthodoxie de l'époque, puisque "Les travaux des historiens ont montré que cette hérésie n'avait de réalité que dans l'esprit des prélats et théologiens qui la condamnèrent. "
↑ Robert E. Lerner, The Heresy of the Free Spirit in the Late Middle Ages, Berkeley, University of California Press, 1972.
Merci Pierre-Elie !
Sur la notice Wikipédia, on trouve cette citation :
« Ah ! Dieu, que Nature est subtile en bien des points en demandant sous apparence de bonté et sous couleur de nécessité ce qui nullement ne lui revient ».
Comme je ne savais pas ce que pouvait représenter le concept de "nature" dans l'esprit d'une femme du XIVème siècle, je posai la question à Pierre-Elie. qui me fit cette réponse :
"c'est difficile à dire sans contexte, mais il semble qu'il y a une tradition exprimée par exemple dans le Roman de la Rose qui parle de l'amour charnel comme d'une ruse de la Nature pour amener les humains à la reproduction. Le Roman de la Rose vante et admire cette ruse. Au contraire, Marguerite Porete dit que la Nature est "subtile" au sens péjoratif : elle est manipulatrice, elle complote et ruse pour "demander" l'esprit et le corps qui ne lui reviennent pas (puisqu'ils reviennent à Dieu). Elle s'oppose à la tradition romanesque qui veut que la Nature est "vicaire de Dieu" et que Dieu et la Nature ont la même volonté. Je suppose qu'elle défend une chasteté absolue – reste à savoir si elle recommande cette chasteté pour quelques âmes pieuses seulement, ou pour l'espèce humaine toute entière ; la phrase ne le dit pas."
J'aimerais croire que "subtile" n'était pas péjoratif, et qu'elle envisageait la ruse de cette "Nature" personnalisée avec beaucoup de malice et comme l'accueillant avec bienveillance. Malheureusement, la pensée et l'oeuvre de Marguerite Porete n'ont pas été mises à l'index dans ce registre-là, mais sur des points de doctrine de théologie pointilleuse, qui n'écartaient pas l'autrice de l'orthodoxie de l'époque, puisque "Les travaux des historiens ont montré que cette hérésie n'avait de réalité que dans l'esprit des prélats et théologiens qui la condamnèrent. "
↑ Robert E. Lerner, The Heresy of the Free Spirit in the Late Middle Ages, Berkeley, University of California Press, 1972.
Merci Pierre-Elie !
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