J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique, La ville et la campagne, enfin tout, Il n’est rien qui ne me soit souverain bien, Jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. Jean de La Fontaine
lundi 25 février 2019
dimanche 24 février 2019
Je me souviens (61)
que mon papa ne m'a jamais suggéré aucune lecture dans mon enfance, et pour cause il lisait très peu. Il n'avait pas le temps. Avec l'âge, il y avait pris goût. C'est dans le temps libre de la retraite qu'il s'y est mis.
Nous partagions un même intérêt pour les livres d'histoire. Nous avons commencé à échanger des suggestions de lecture doucement, avec des choses comme Fortune de France de Robert Merle, ou les romans évoquant le Moyen-Age de Jeanne Bourin.
Plus tard, je lui ai suggéré des témoignages essentiels comme "Les mémoires du Sergent Bourgogne", ou de vrais livres d'historiens comme "Montaillou, village occitan", de Leroy-Ladurie. Avec le temps, il devenait un lecteur ambitieux. Quand la mort est venue le chercher, il s'était plongé avec grand intérêt semble t-il dans "L'idiot", de Dostoievski.
Nous partagions un même intérêt pour les livres d'histoire. Nous avons commencé à échanger des suggestions de lecture doucement, avec des choses comme Fortune de France de Robert Merle, ou les romans évoquant le Moyen-Age de Jeanne Bourin.
Plus tard, je lui ai suggéré des témoignages essentiels comme "Les mémoires du Sergent Bourgogne", ou de vrais livres d'historiens comme "Montaillou, village occitan", de Leroy-Ladurie. Avec le temps, il devenait un lecteur ambitieux. Quand la mort est venue le chercher, il s'était plongé avec grand intérêt semble t-il dans "L'idiot", de Dostoievski.
Noirmoutier, 24 février 2019
Au port de l'Herbaudière
A Noirmoutier, au bord de l'étier
Plage de La Guérinière, où j'ai appris enfant à faire de la voile. Le matériel était entreposé dans ce blockhaus.
A Noirmoutier, au bord de l'étier
Plage de La Guérinière, où j'ai appris enfant à faire de la voile. Le matériel était entreposé dans ce blockhaus.
En matière de sexualité, mieux vaut être riche et bien portant !
C'est le titre de cet article intéressant où on apprend encore plein de choses en socio-sexologie. Mais ce n'est pas si simple. Et d'abord, soit, il vaut mieux être riche et bien portant, mais pour quel type de pratique et qui mène à quel épanouissement ?...
La page de Maia Mazaurette
LE SEXE SELON MAÏA
Nos pratiques sexuelles trahissent-elles notre origine sociale ? Pour François Kraus, directeur du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’IFOP, qui vient de publier un sondage sur la sexualité des Françaises (on y revient dans un instant), les choses sont claires : « Plus les femmes ont un capital social et culturel élevé, plus elles semblent en mesure de s’affranchir des normes de genre qui tendent à leur imposer une vision conjugale, passive et “pénétrative” du plaisir féminin, et par là [plus elles sont] aptes à avoir un rapport plus actif, hédoniste et autonome à leur sexualité. »
De fait, l’idée qu’il existe des sexualités d’« en haut » ou d’« en bas » marque notre imaginaire depuis longtemps. Elle attise tous les fantasmes sur les pratiques sexuelles très privées et libertines des puissants ou l’existence d’un pseudo-lobby gay ; la pornographie s’en nourrit (la grande bourgeoise dépravée du Déclic de Manara ou des productions des studios Marc Dorcel…)
Evidemment, les choses sont plus compliquées que ça : si nous imaginons une transgression sexuelle plus importante chez les privilégiés, c’est parce que nous percevons leurs codes comme plus rigides. Mais n’oublions pas que cette fascination est partagée : pendant que les pauvres fantasment des parties fines dans les beaux quartiers, les riches fantasment une sexualité « d’en-bas » plus authentique et, disons-le, plus brutale (Catherine Millet s’encanaillant avec de parfaits inconnus, les tournantes, le stéréotype de la « racaille » dans la pornographie).
Le contraire serait d’ailleurs étonnant : notre culture érotise les rapports de pouvoir depuis toujours. Mais là où ça devient intéressant, c’est quand on sort des représentations. En l’occurrence, la dernière enquête de IFOP-Elle sur la sexualité des Françaises, publiée mi-février et réalisée en ligne auprès d’un échantillon de 1 000 femmes, révèle l’ampleur de la disparité des pratiques évoquée par François Kraus.
Extension du domaine de la jouissance
Commençons par les chiffres : les femmes des classes sociales supérieures sont celles qui se masturbent le plus (85 % des cadres et des professions intellectuelles, contre 61 % des ouvrières), qui regardent le plus de pornographie (62 % contre 34 %), qui utilisent le plus de sextoys (58 % contre 42 %), qui connaissent le mieux leurs zones érogènes (à égalité avec les professions intermédiaires), qui pratiquent le plus les caresses hors pénétration, et le plus de fellations. Elles ne considèrent pas forcément l’orgasme comme un marqueur de la relation sexuelle réussie – une extension du domaine de la jouissance qui permet de bénéficier d’une plus grande amplitude dans le répertoire.
Ces femmes cadres ou de professions supérieures sont plus actives dans leur sexualité : un tiers a déjà pénétré analement son partenaire (si l’homogamie est respectée, cela signifie que les hommes privilégiés sont aussi les plus disposés à remettre en cause les stéréotypes pénétrant/pénétré : leur masculinité n’est pas menacée par leur prostate).
Le cliché d’une haute société dévergondée serait-il justifié ? C’est en tout cas dans ces milieux qu’on trouvera le moins de femmes susceptibles de vivre avec quelqu’un sans rapports charnels. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’elles soient prêtes à tout, indistinctement. Au contraire.
Prenons les pratiques anales : les femmes des classes supérieures acceptent une stimulation par la langue ou une pénétration digitale, mais elles sont moins susceptibles d’accepter la sodomie que les femmes employées ou des professions intermédiaires (49 %, contre 58 % et 54 %). Parmi les luxes dont elles bénéficient, il y a donc celui, crucial, qui consiste à pouvoir poser ses limites (cela n’est pas un jugement moral : la plupart des femmes ont mal pendant une sodomie).
Le temps et l’argent
Ce contrôle se traduit aussi dans le choix des partenaires : 89 % des privilégiées pourraient s’afficher avec un homme de dix ans plus jeune, pour seulement 76 % des employées. L’émancipation concerne enfin le rapport au corps, qui se conforme moins aux codes pornographiques : 18 % des classes supérieures s’épilent intégralement, mais un tiers des femmes moins favorisées.
Le niveau d’éducation joue également : 10 % des non-bachelières disent ne pas connaître leurs zones érogènes, pour seulement 3 % dans le reste de la population. Si le capital financier est lié au capital social, éducatif et sexuel, c’est que ces aspects sont généralement interdépendants.
Comment comprendre ces disparités de classe ? Tout d’abord, les femmes privilégiées disposent du temps et de l’argent nécessaires pour s’approprier leur vie sexuelle (comme un loisir et non comme un devoir conjugal). Elles peuvent s’adonner aux rêveries érotiques, s’acheter des accessoires, se rendre physiquement et mentalement disponibles, soigner leur apparence et leur santé.
De nombreuses études montrent que le confort a une influence indéniable sur le désir féminin : une heure de sommeil en plus, c’est 14 % de libido supplémentaire le lendemain (Journal of Sexual Medicine, mai 2015). Mieux vaut donc disposer d’aides à domicile, d’une chambre pour dormir (sans les enfants), et d’un environnement calme.
Ni damnés de la Terre ni élus à vie
Même chose pour l’accès à une nutrition de qualité : moins de calories, c’est moins de libido (Jama Internal Medicine, juin 2017). Les plus pauvres, sociologiquement, mangent plus gras ? Damned, ce ne sont pas les « bonnes » calories : en effet, si la minceur n’a pas d’influence sur le fonctionnement sexuel, les femmes en surpoids ont tendance à avoir moins de rapports, et moins de désir (Menopause, novembre 2015). Et puisque nous sommes au rayon santé, n’oublions pas que la pratique d’un exercice physique est corrélée à une meilleure satisfaction sexuelle (Sexual Medicine Reviews, octobre 2018).
Est-ce à dire qu’il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade, même en matière de sexualité ? En attendant le Grand Soir, inutile de nier l’évidence… oui, ça peut aider. Mais sans nier l’existence et la persistance d’inégalités, sans tout faire reposer sur la responsabilité individuelle au détriment d’une analyse structurelle, la conversation ne devrait pas s’arrêter à un constat fataliste. La plupart des privilèges sexuels ne coûtent pas un centime. Aucun ne demande de doctorat.
Tout le monde peut se masturber, tout le monde peut étendre son répertoire sexuel, tout le monde peut mieux communiquer. Les ressources sont gratuites et disponibles sur Internet (pour peu qu’on ait une connexion et le temps nécessaire à la curiosité). Il n’y a ni damnés de la Terre ni élus à vie.
L’égalité des chances n’est pas parfaite ? Certes. Mais l’ascenseur social fonctionne toujours mieux en sexualité que dans les autres domaines. Quant aux pratiques requérant l’insertion de cuillers en argent dans des orifices, soyons rassurés : elles restent minoritaires.
Maïa Mazaurette
La page de Maia Mazaurette
samedi 23 février 2019
Aux citoyens de gauche que le jaune fait blêmir...
Cela fait si longtemps (pour moi, toute une vie !) que l'on participe à des manifestations ponctuelles, qu'on fait grève rituellement quelques journées perlées par an en se disant souvent : "A quoi bon ?"
Et puis :
"Quand est-ce qu'on aura enfin un vrai soulèvement populaire durable qui signifierait enfin quelque chose de tangible ?"
Alors,
puisqu'enfin une vague s'est levée qui revendique la dignité pour tous, la fin des travailleurs pauvres, une vraie justice sociale, un contrôle démocratique des élus...
Et puisque le molosse jaune qui les a mordus au cul ne semble pas vouloir les lâcher, c'est le moment de les soutenir !
Soutien aux gilets jaunes !
Photo : Ugo Amez/SIPA
Et puis :
"Quand est-ce qu'on aura enfin un vrai soulèvement populaire durable qui signifierait enfin quelque chose de tangible ?"
Alors,
puisqu'enfin une vague s'est levée qui revendique la dignité pour tous, la fin des travailleurs pauvres, une vraie justice sociale, un contrôle démocratique des élus...
Et puisque le molosse jaune qui les a mordus au cul ne semble pas vouloir les lâcher, c'est le moment de les soutenir !
Soutien aux gilets jaunes !
Photo : Ugo Amez/SIPA
vendredi 22 février 2019
Sweet amanite phalloïde queen, Thiéfaine
Sweet amanite phalloïde queen
pilote aux yeux de gélatine
dans ce vieux satellite-usine
manufacture de recyclage
des mélancolies hors d'usage
ô sweet amanite phalloïde queen
dans ce vieux satellite-usine
manufacture de recyclage
des mélancolies hors d'usage
ô sweet amanite phalloïde queen
je suis le captain « m » acchab
aux ordres d'une beauté-nabab
prima belladona made in
moloch-city destroy-machine
ô sweet amanite phalloïde queen
aux ordres d'une beauté-nabab
prima belladona made in
moloch-city destroy-machine
ô sweet amanite phalloïde queen
amour-amok & paradise
quand elle fumivore ses « king size »
dans son antichambre d'azur
avant la séance de torture
ô sweet amanite phalloïde queen
quand elle fumivore ses « king size »
dans son antichambre d'azur
avant la séance de torture
ô sweet amanite phalloïde queen
je suis le rebelle éclaté
au service de sa majesté
la reine aux désirs écarlates
des galaxies d'amour-pirate
ô sweet amanite phalloïde queen
au service de sa majesté
la reine aux désirs écarlates
des galaxies d'amour-pirate
ô sweet amanite phalloïde queen
Paroliers : Hubert-Félix THIEFAINE / Claude MAIRET
Amants destroy, Thiéfaine
Amants destroy
fille-fleur sauvage acidulée
bouche cramoisie, jupe retroussée
scratchée sur la banquette arrière
d'un cabriolet roadmaster
bouche cramoisie, jupe retroussée
scratchée sur la banquette arrière
d'un cabriolet roadmaster
transfert d'orage / émeute sexuelle
sous la rumeur des immortels
quand ses lèvres arrachent un par un
les boutons de mon 501
sous la rumeur des immortels
quand ses lèvres arrachent un par un
les boutons de mon 501
détruire, détruire, toujours dit-elle
saboter l'œil universel
détruire, détruire, toujours dit-elle
faire payer ses grotesques erreurs
au boss cannibale supérieur
saboter l'œil universel
détruire, détruire, toujours dit-elle
faire payer ses grotesques erreurs
au boss cannibale supérieur
travail de nuit / petit matin
jouissance / violence entre ses seins
visage éclaboussé de nacre
amour, bagatelle & massacre
jouissance / violence entre ses seins
visage éclaboussé de nacre
amour, bagatelle & massacre
sur les fusibles du hasard
entre les quarks & les quasars
elle détruira son teddy boy
cunnibilingue & lousy toy
entre les quarks & les quasars
elle détruira son teddy boy
cunnibilingue & lousy toy
détruire, détruire, toujours dit-elle
saboter l'œil universel
détruire, détruire, toujours dit-elle
faire payer ses grotesques erreurs
au boss cannibale supérieur
saboter l'œil universel
détruire, détruire, toujours dit-elle
faire payer ses grotesques erreurs
au boss cannibale supérieur
Paroliers : Claude MAIRET / Hubert-Félix THIEFAINE
Définition du RIC : la proposition de Terra Nova
Le think tank Terra Nova a rendu une note proposant un référendum d’initiative citoyenne (RIC) «délibératif». Objectif : tirer les bénéfices démocratiques du référendum d’initiative populaire tout en maîtrisant les risques qu’il comporte.
- Le RIC pourrait-il être «délibératif» ?
Revendication phare des gilets jaunes, le référendum d’initiative citoyenne (RIC) suscite de nombreuses interrogations : contestation de la légitimité du Parlement, multiplication des consultations, manœuvres démagogiques, remise en question de droits comme l’avortement ou le mariage pour tous…
«Le RIC me hérisse», déclarait le 25 janvier le Premier ministre, Edouard Philippe, lors d’un débat à Sartrouville (Yvelines). Quelques jours avant, à Grand Bourgtheroulde (Eure), Emmanuel Macron avait fait part de ses réserves envers cet outil démocratique, soutenant qu’«on ne doit pas créer une situation de concurrence entre les formes de démocratie».
Comment répondre à la demande démocratique émanant du mouvement social tout en parant aux risques qu’elle induit ? C’est à cette question qu’a tenté de répondre le think tank Terra Nova dans un rapport qui vient d’être rendu public et mis en ligne sur le site de la fondation. La solution ? Un RIC «délibératif», combinant démocratie directe et démocratie participative.
Les auteurs de la note suggèrent que la proposition donnant lieu à la collecte de signaturesdoit être «préalablement déposée devant une institution indépendante[…]. Une commission de cette institution examine alors sa recevabilité […] la transmet immédiatement au Conseil constitutionnel, qui vérifie qu’elle n’est ni contraire ni incompatible avec les conventions internationales».
Terra Nova propose que les signatures soient réunies en moins de six mois et centralisées sur une plateforme digitale, leur nombre minimum devant être fixé à 2 % du corps électoral, soit environ 900 000 personnes. Un chiffre «assez élevé pour nécessiter un vrai effort de mobilisation» et «suffisamment bas pour pouvoir être franchi». Concernant l’abrogation d’une loi ou d’un traité, le seuil est rehaussé à 4 % du corps électoral afin de limiter tout risque d’inflation électoral.
Principale innovation du processus envisagé par Terra Nova : la constitution d’une assemblée de 100 citoyens issus d’un mélange entre le tirage au sort sur les listes électorales et la méthode des quotas pour que l’assemblée soit la plus représentative de la population. Celle-ci aurait pour fonction de «réaliser une étude d’impact en cas de victoire du "oui" en auditionnant les experts et en synthétisant les études existantes», en vue de «rédiger un rapport exposant les conséquences pratiques de chacune de deux options».
Afin de ne pas écarter les parlementaires de la délibération,le procédé prévoit d’«exiger que cette assemblée accueille un député par groupe parlementaire constitué à l’Assemblée nationale et au Sénat».
Pour un RIC dit de «proposition», «la validation du résultat suppose une majorité absolue de "oui" sur l’ensemble des suffrages exprimés et un quorum de participation supérieur à 50 % des inscrits». Pour un RIC «d’abrogation» ou sur une question fiscale, «elle supposerait que les "oui" représentent plus de 50 % des inscrits».
L'article complet de Simon Blin sur le site de Libé
A comparer aux pratiques helvètes qui restent exemplaires dans ce domaine.
La dernière idée de l'article pose le problème de la capacité des citoyens à faire abroger des injustices légales. La barre n'est-elle pas fixée trop haut ?
Laëtitia, d'Ivan Jablonka
C'est un livre d'histoire, un récit d'historien qui se penche sur un fait divers de 2011 qui eut un immense retentissement.
Laëtitia était une jeune fille de 18 ans ayant vécu une enfance chaotique mais en bonne voie d'insertion dans son microcosme du sud de la Loire-Atlantique.
En janvier, elle fait une mauvaise rencontre, elle est attirée par un jeune homme paumé, marginal, possiblement violent, ayant déjà séjourné en prison.
Le récit détaillé de cette tragédie laisse abasourdi. La plupart des femmes concernées, y-compris dans l'ascendance des jeunes gens que l'on y rencontre sont victimes d'atrocités. Le bilan des violences sexistes est incroyable.
Mais l'analyse sociologique du déroulé des événements révèle bien d'autres scandales.
Un exemple.
Sarkozy, qui avait durant son mandat de Président, pris l'habitude de réagir aux faits divers retentissants à chaque fois par une proposition de loi nouvelle, surfe sur l'actualité en dénonçant le laxisme des juges (en particulier celui supposé du JAP, le Juge d'Application des Peines). Cette critique sera battue en brèche par les commissions d'enquête. Le meurtrier a été traité selon la loi. En revanche l'accompagnement du SPIP, le service chargé -entre autres- de préparer la réinsertion des sortants de prison, n'a fait que ce qu'il a pu compte tenu de ses moyens chaque année réduits par les économies programmées de l'Etat.
La fabrication médiatique d'une victime iconique en la personne du père de la famille d'accueil des jumelles (Laëtitia avait une sœur Jessica) lequel apparaitra ensuite comme un agresseur de ces enfants verse du côté d'autres excès : celui des pratiques médiatiques manichéennes.
Un livre incroyablement marquant, l'occasion d'une pensée tendre pour les victimes nombreuses de cette histoire atroce.
L'auteur à "La Grande Librairie" :
Laëtitia Perrais
Merci Claire pour cette suggestion.
Laëtitia était une jeune fille de 18 ans ayant vécu une enfance chaotique mais en bonne voie d'insertion dans son microcosme du sud de la Loire-Atlantique.
En janvier, elle fait une mauvaise rencontre, elle est attirée par un jeune homme paumé, marginal, possiblement violent, ayant déjà séjourné en prison.
Le récit détaillé de cette tragédie laisse abasourdi. La plupart des femmes concernées, y-compris dans l'ascendance des jeunes gens que l'on y rencontre sont victimes d'atrocités. Le bilan des violences sexistes est incroyable.
Mais l'analyse sociologique du déroulé des événements révèle bien d'autres scandales.
Un exemple.
Sarkozy, qui avait durant son mandat de Président, pris l'habitude de réagir aux faits divers retentissants à chaque fois par une proposition de loi nouvelle, surfe sur l'actualité en dénonçant le laxisme des juges (en particulier celui supposé du JAP, le Juge d'Application des Peines). Cette critique sera battue en brèche par les commissions d'enquête. Le meurtrier a été traité selon la loi. En revanche l'accompagnement du SPIP, le service chargé -entre autres- de préparer la réinsertion des sortants de prison, n'a fait que ce qu'il a pu compte tenu de ses moyens chaque année réduits par les économies programmées de l'Etat.
La fabrication médiatique d'une victime iconique en la personne du père de la famille d'accueil des jumelles (Laëtitia avait une sœur Jessica) lequel apparaitra ensuite comme un agresseur de ces enfants verse du côté d'autres excès : celui des pratiques médiatiques manichéennes.
Un livre incroyablement marquant, l'occasion d'une pensée tendre pour les victimes nombreuses de cette histoire atroce.
L'auteur à "La Grande Librairie" :
Laëtitia Perrais
Merci Claire pour cette suggestion.
mardi 12 février 2019
Extrait de "Seul le bleu reste", de Samaël Steiner
Les cerisiers sont lourds
comme les amoureux surpris par l'orage.
Je connais une femme, sur la route,
infatigable,
qui pèse les morts,
lutte jusqu'à ce que la mer tombe,
et c'est pour elle que je dis, maintenant :
les cerisiers sont lourds
comme les amoureux surpris par l'orage.
lundi 11 février 2019
Je ne peux plus te dire "Je t'aime", Jacques Higelin
Pas possible de coller ici l'hommage d'Izia Higelin et d'Arthur H à leur père, aux victoires de la musique (Vidéo France2 incollable). Mais l'original est parfait même sans vidéo.
mardi 5 février 2019
Au jardin
La faute de l'abbé Mouret
C’était le jardin qui avait voulu la faute. Pendant des semaines, il s’était prêté au lent apprentissage de leur tendresse. Puis, au dernier jour, il venait de les conduire dans l’alcôve verte. Maintenant, il était le tentateur, dont toutes les voix enseignaient l’amour. Du parterre, arrivaient des odeurs de fleurs pâmées, un long chuchotement, qui contait les noces des roses, les voluptés des violettes ; et jamais les sollicitations des héliotropes n’avaient eu une ardeur plus sensuelle. Du verger, c’étaient des bouffées de fruits mûrs que le vent apportait, une senteur grasse de fécondité, la vanille des abricots, le musc des oranges. Les prairies élevaient une voix plus profonde, faite des soupirs des millions d’herbes que le soleil baisait, large plainte d’une foule innombrable en rut, qu’attendrissaient les caresses fraîches des rivières, les nudités des eaux courantes, au bord desquelles les saules rêvaient tout haut de désir. La forêt soufflait la passion géante des chênes, les chants d’orgue des hautes futaies, une musique solennelle, menant le mariage des frênes, des bouleaux, des charmes, des platanes, au fond des sanctuaires de feuillage ; tandis que les buissons, les jeunes taillis étaient pleins d’une polissonnerie adorable, d’un vacarme d’amants se poursuivant, se jetant au bord des fossés, se volant le plaisir, au milieu d’un grand froissement de branches. Et, dans cet accouplement du parc entier, les étreintes les plus rudes s’entendaient au loin, sur les roches, là où la chaleur faisait éclater les pierres gonflées de passion, où les plantes épineuses aimaient d’une façon tragique, sans que les sources voisines pussent les soulager, tout allumées elles-mêmes par l’astre qui descendait dans leur lit. - Que disent-ils ? murmura Serge, éperdu. Que veulent-ils de nous, à nous supplier ainsi ? Albine, sans parler, le serra contre elle. [...]
Alors, Albine et Serge entendirent. Il ne dit rien, il la lia de ses bras, toujours plus étroitement. La fatalité de la génération les entourait. Ils cédèrent aux exigences du jardin. Ce fut l’arbre qui confia à l’oreille d’Albine ce que les mères murmurent aux épousées, le soir des noces.
Albine se livra. Serge la posséda.
Et le jardin entier s’abîma avec le couple, dans un dernier cri de passion. Les troncs se ployèrent comme sous un grand vent ; les herbes laissèrent échapper un sanglot d’ivresse ; les fleurs, évanouies, les lèvres ouvertes, exhalèrent leur âme ; le ciel lui-même, tout embrasé d’un coucher d’astre, eut des nuages immobiles, des nuages pâmés, d’où tombait un ravissement surhumain. Et c’était une victoire pour les bêtes, les plantes, les choses, qui avaient voulu l’entrée de ces deux enfants dans l’éternité de la vie. Le parc applaudissait formidablement.
Emile Zola
Mais parmi les innombrables plaisirs du jardin, il y a celui, très libre, de la lecture.
C’était le jardin qui avait voulu la faute. Pendant des semaines, il s’était prêté au lent apprentissage de leur tendresse. Puis, au dernier jour, il venait de les conduire dans l’alcôve verte. Maintenant, il était le tentateur, dont toutes les voix enseignaient l’amour. Du parterre, arrivaient des odeurs de fleurs pâmées, un long chuchotement, qui contait les noces des roses, les voluptés des violettes ; et jamais les sollicitations des héliotropes n’avaient eu une ardeur plus sensuelle. Du verger, c’étaient des bouffées de fruits mûrs que le vent apportait, une senteur grasse de fécondité, la vanille des abricots, le musc des oranges. Les prairies élevaient une voix plus profonde, faite des soupirs des millions d’herbes que le soleil baisait, large plainte d’une foule innombrable en rut, qu’attendrissaient les caresses fraîches des rivières, les nudités des eaux courantes, au bord desquelles les saules rêvaient tout haut de désir. La forêt soufflait la passion géante des chênes, les chants d’orgue des hautes futaies, une musique solennelle, menant le mariage des frênes, des bouleaux, des charmes, des platanes, au fond des sanctuaires de feuillage ; tandis que les buissons, les jeunes taillis étaient pleins d’une polissonnerie adorable, d’un vacarme d’amants se poursuivant, se jetant au bord des fossés, se volant le plaisir, au milieu d’un grand froissement de branches. Et, dans cet accouplement du parc entier, les étreintes les plus rudes s’entendaient au loin, sur les roches, là où la chaleur faisait éclater les pierres gonflées de passion, où les plantes épineuses aimaient d’une façon tragique, sans que les sources voisines pussent les soulager, tout allumées elles-mêmes par l’astre qui descendait dans leur lit. - Que disent-ils ? murmura Serge, éperdu. Que veulent-ils de nous, à nous supplier ainsi ? Albine, sans parler, le serra contre elle. [...]
Alors, Albine et Serge entendirent. Il ne dit rien, il la lia de ses bras, toujours plus étroitement. La fatalité de la génération les entourait. Ils cédèrent aux exigences du jardin. Ce fut l’arbre qui confia à l’oreille d’Albine ce que les mères murmurent aux épousées, le soir des noces.
Albine se livra. Serge la posséda.
Et le jardin entier s’abîma avec le couple, dans un dernier cri de passion. Les troncs se ployèrent comme sous un grand vent ; les herbes laissèrent échapper un sanglot d’ivresse ; les fleurs, évanouies, les lèvres ouvertes, exhalèrent leur âme ; le ciel lui-même, tout embrasé d’un coucher d’astre, eut des nuages immobiles, des nuages pâmés, d’où tombait un ravissement surhumain. Et c’était une victoire pour les bêtes, les plantes, les choses, qui avaient voulu l’entrée de ces deux enfants dans l’éternité de la vie. Le parc applaudissait formidablement.
Emile Zola
Mais parmi les innombrables plaisirs du jardin, il y a celui, très libre, de la lecture.
Partage des jardins secrets, Chloé Rolland
DANS LE JARDIN DES MOTS...
Dans le jardin des mots
verrouillé de sourires fragiles
trébuche une phrase malencontreuse
du gravier sur la langue
et voilà tu t'en vas
une corneille pose sa lanterne noire
sur les volutes du portail
signal d'alarme
attends encore un peu
que la pluie vienne
et apaise ce jardin
dans l'obscur
oratoire des herbes
où tu t'éloignes
la main indigo
de la nuit
douce et barbare
allume un instant
le regard suspendu
du renard
la lisière de la page bleutée
le bord des mots d'où l'on s'absente
tout devient rivière d'oiseaux
tout devient ruisseau d'ailes
l’histoire s'ébouriffe
les lettres font le gros dos
et la phrase lâche prise
le ciel est plumeux de paroles en l'air
une poignée de grains noirs jetée
pour être à la page
ce qu'un semis de mots est au silence
une floraison
pour être à la page
ce qu'une pluie soudaine est au sable
une vague nouvelle pleine et déliée
pour être à la page
ce qu'un chuchotement de pas est au seuil
une attente qui se nomme
pour être à la page
ce qu'un pollen d'étoiles est au ciel
une vendange d'or
que la nuit soulève et que le jour disperse
Extrait de Partage des jardins secrets
Chloé ROLLAND
dimanche 3 février 2019
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