Réjouissant petit roman, qui narre le destin tortueux et risqué d'une dame d'un certain âge (elle a 53 ans c'est une ancêtre comme moi !), qui dans les milieux judiciaires parisiens exerce le beau métier de traductrice. Elle s'occupe en particulier des écoutes téléphoniques de trafiquants de stupéfiants. Or voilà ti pas qu'elle se met dans l'idée un jour de sauver du péril policier un clan d'importateurs marocains. Et d'entamer elle-même à la suite, une magnifique carrière de dealeuse.
Un ton très libre et impertinent.
J'ai beaucoup apprécié cette critique trouvée là, sur Babelio :
"
J'adore
Hannelore Cayre, c'est ma Daronne du polar à moi. On l'attendait depuis
2012, et enfin, La Daronne revient. Aussi fou que Ground XO, aussi
incisif que Commis d'office, le roman est du kif en barre: 170 pages sur
la morne existence de Patience Portefeux, veuve de 53 ans mère de deux
enfants, fille d'une grabataire placée dans une EPHAD, traductrice
judiciaire mal rémunérée, et qui un jour, franchit la ligne rouge.
Il faut dire que Patience a de qui tenir. Fille d'un pied-noir PDG
véreux, elle a vécu au rythme des magouilles du paternel, passé de
l'argent dans ses robes à smocks, appris à se servir d'un 357 Magnum.
Grâce aux écoutes téléphoniques qu'elle retranscrit de l'arabe au
français pour les enquêteurs judiciaires, Patience sait tout du trafic
de drogue, des tarifs et des réseaux. C'est un Master en Deal obtenu sur
écoute, "La vie des autres" à la sauce chichon. A la manière de Gerd
Wiesler, le capitaine de la Stasi, Patience se prend d'intérêt pour une
famille de trafiquants marocains et s'immisce à distance dans leur
existence, jusqu'à ce que le destin lui offre une occasion inespérée de
toucher elle aussi sa part du gâteau.
La Daronne est un portrait de femme que l'on oublie pas. Quinquagénaire
brisée par son veuvage et son déclassement, épuisée par une lutte
quotidienne d'abord pour élever ses enfants, ensuite pour subvenir aux
besoins de sa mère malade, la vraie Patience est restée en sommeil trop
d'années. Le réveil brutal de la Femme qu'elle fut un jour va
bouleverser sa vie et celle de ceux qui sont sur écoute: " Je me suis
déshabillée et me suis plantée devant le miroir de la salle de bains
pour retirer mes lentilles de contact mais, en me regardant, j'ai eu un
choc en voyant le visage fermé qui me fixait (…). Qu'est-ce que j'allais
devenir, moi qui n'avais ni retraite ni sécu. Je n'avais rien à part
mes forces déclinantes. Pas le monde sou de côté, mes maigres économies
s'étant volatilisées dans l'agonie de ma mère aux Eoliades. Lorsque je
n'aurais plus la force de travailler, je me voyais pourrir sans soin
dans mon immeuble peuplé de Chinois qui m'empêcheraient de dormir avec
leurs criailleries insupportables. »
Ce constat amer fait un jour dans un appartement moche de Belleville va
transformer la veuve Portefeux en Daronne, et permettre à l'auteure de
mettre au coeur de ce polar concis et percutant d'autres daronnes, à
commencer par la mère de Patience, une ashkénaze rescapée des camps de
la mort.
Hannelore Cayre n'a rien perdu de sa verve ni de son humour. On aime sa
plume incisive, son ironie, la justesse des personnages si prestement et
justement croqués. Avec elle tout coule de source, c'est enlevé et
efficace, l'intrigue file à la vitesse d'un Go Fast remontant vers
Paris. Dommage, c'est trop court.
Pecosa
"
Je m'en vais donc chercher les fameux Ground XO et Commis d'office, par ailleurs adapté au ciné par la même autrice.
Merci Léa pour la suggestion !
Editions Metailié, 2017
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