dimanche 18 février 2018

Des histoires vraies, de Sophie Calle

Sans connaître cette artiste au renom international, je l'avais repérée comme auteur de petits livres uniques, dans la librairie d'un grand musée parisien. J'ai le souvenir en particulier d'un bouquin, dans lequel il était question des affres d'une séparation, exposés brutalement et crument, comme si toute idée de pudeur était inconvenante à la situation, confrontés aux témoignages d'amis qui rapportent leur pire expérience de séparation.

C'était dans ce livre "Douleur exquise", paru en novembre 2003, dont S. Calle écrit :

"Je suis partie du Japon le 25 octobre 1984 sans savoir que cette date marquerait le début d’un compte à rebours de quatre-vingt-douze jours qui allait aboutir à une rupture, banale, mais que j’avais vécue alors comme le moment le plus douloureux de ma vie. J’ai tenu ce voyage pour responsable. De retour en France, le 28 janvier 1985, j’ai choisi, par conjuration, de raconter ma souffrance plutôt que mon périple. En contrepartie, j’ai demandé à mes interlocuteurs, amis ou rencontres de fortune : « Quand avez-vous le plus souffert ? » Cet échange cesserait quand j’aurais épuisé ma propre histoire à force de la raconter, ou bien relativisé ma peine face à celle des autres."

























Or, récemment, je suis allé jusqu'à Bordeaux acheter des tapis colorés.

















Pour ne pas faire de ce déplacement qu'une sortie commerciale, j'en profitai pour aller faire un tour au CAPC, l'Entrepôt municipal de la rue Ferrere. Bâtiment magnifique dans lequel se succèdent de grosses expos temporaires dans l'espace du bas et de plus modestes dans les galeries des étages. Ces jours-ci, Beatriz Gonzales, une plasticienne de Colombie est à l'honneur. Comme cela ne m'a pas franchement emballé, vous n'aurez pas droit à un article sur cette présentation. Les habitués de ces pages savent que je ne prends de temps que pour ce qui m'enchante.
Mais cela explique que je me sois attardé à la librairie du lieu, un de ces endroits où l'on trouve des oeuvres rares ou en tout cas, difficiles à trouver dans les circuits commerciaux traditionnels. C'est là que je suis retombé sur Sophie Calle, pour un petit livre tout récemment réédité (la première édition date de 1994, celle-ci, de décembre 2017, contient six souvenirs inédits) dont j'ai tout de suite adoré le principe et la forme.
Chaque double page présente un souvenir, avec une photo et un petit texte de quelques lignes. Ces évocations sont le plus souvent de nature intime, quelquefois de l'ordre du bizarre, toujours inattendues.




















































































Cela vous convient ? J'ai payé 19.50 € pour ces 56 souvenirs regroupés élégamment dans ce petit recueil par Acte Sud, ce qui fait presque 35 centimes du souvenir, ce qui est donné, si vous voulez mon avis que j'ai.













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