c'est jamais de la tarte, et plus on s'éloigne dans le temps, plus le pari est compliqué. Ce qui pose le plus de problèmes, c'est l'évocation des mentalités individuelles et collectives, et le climat social, qui est une donnée souvent oubliée même des historiens. Je crains personnellement beaucoup les reconstitutions du Moyen-âge, parce qu'on en a tant vu et lu de tentatives d'évocations qu'on croit le connaître.
De même, quand on essaie de planter les décors de la France de 1913, il n'est pas facile de faire sentir le climat délétère qui faisait que la grande majorité des gens était passée dans le parti de la guerre, par l'action des journaux et de l'opinion qui s'entretient et s'enfle d'elle-même.
Peut-être plus tard essaiera t-on de montrer notre époque, en espérant qu'il sera possible de faire comprendre pourquoi, par l'action puissante d'une pensée unique portée par les médias, l'opinion est découragée de se rebiffer, et persuadée que l'on ne peut que soutenir les systèmes financiers et bancaires en faisant supporter tous les efforts par les populations déjà les plus fragiles...qu'il n'y a aucune autre solution...
Bref, cette introduction pour dire qu'on est allé voir ce film, qu'on a beaucoup aimé, mais que faire revivre le passé proche a aussi ses difficultés, lorsque le public a lui-même connu les milieux et l'époque choisis.
On s'est donc amusé à chercher les légers décalages, les petites incohérences anachroniques du film, planté dans la campagne près de St Malo l'été de 1979. C'est surtout dans la liberté de ton des adultes, sur l'évocation par les personnages de leur sexualité, par exemple, que l'on a pensé qu'il y avait un peu de transposition de notre société, trente ans en arrière. Mais ça peut se discuter. Peut-être y avait-il des familles où la parole était moins retenue par la pudeur et les contraintes religieuses...
Sur la forme, Julie Delpy filme de très près, fait des portraits en gros plans prolongés, ce qui est un risque à prendre, si les acteurs ne sont pas bien dans leur rôle.
Mais nous, on les a bien aimés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
postiches