dimanche 25 novembre 2018

Les chatouilles, de Andréa Bescond et Eric Métayer


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Andréa Bescond est réalisatrice et actrice principale de ce film très impliquant, douloureux même à suivre. Elle joue son propre rôle, de petite fille ayant connu des agressions sexuelles de la part d'un adulte pendant son enfance.

Je propose fainéantement la critique du Monde, sans m'associer aux diverses réserves faites par son auteur... Pour moi le film n'est pas affaibli par le jeu des multiples registres, quand il passe de l'un à l'autre rapidement. La construction est originale, déstructurée de diverses façons, et cela permet au contraire de faire passer habilement toute une palette d'émotions. Bien que très rude, ce n'est pas un film larmoyant, il n'y a pas non plus de désir de vengeance. J'ai beaucoup aimé la traduction de ce chemin de souffrance, ce chaos qui s'ensuit dans toute sa vie d'adulte. On le ressent incroyablement dans cet essai de traduction original...

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Ce serait une mauvaise idée que d’essayer d’abord de faire la part du cinéma, en sortant d’une projection des Chatouilles. La forme de film qu’a pris ce récit n’est qu’incidente, il s’agit d’abord de trouver un nouveau public pour raconter une histoire, le genre d’histoire que pas grand monde a envie d’entendre dans ses détails, dans sa durée – celle d’Odette, une petite fille violée par un homme adulte. Dans l’histoire de cette enfant qui porte (on le répétera souvent au long du film) le prénom du cygne blanc du ballet de Tchaïkovski, est ­contenue l’histoire de la coréalisatrice des Chatouilles – avec Eric Métayer –, Andréa Bescond, qui lui avait d’abord donné la forme d’un spectacle seule-en-scène.
Présenté à Cannes, dans la section Un certain regard, la version cinématographique des Chatouil­les est un film hétérogène qui passe de l’affrontement direct avec la réalité à la fantaisie, de la comédie à la confession à vif, sans toujours négocier très gracieusement ses transitions. Reste que le cœur du film bat si puissamment, qu’il exige et obtient l’attention.

Chronique d’une jeunesse

Odette (Cyrille Mairesse), 9 ans, est la proie de Gilbert Miguié (Pierre Deladonchamps, opaque, ordinaire), un ami de ses parents (Karine Viard et Clovis Cornillac), qui arrache des moments d’isolement avec la petite fille pour la violer. Devenue adulte et danseuse professionnelle, Odette (Andréa Bescond) se débat avec les séquelles du crime, entre toxicomanie et psychothérapie.
Lire le portrait (Festival de Cannes) : Pierre Deladonchamps, reconnu
Le fil de l’histoire zigzague entre l’enfance et l’âge adulte, s’embarque dans des rêves et des fantasmes (d’évasion, pas de vengeance) dans l’intention manifeste d’alléger le poids qui pèse sur le public, au risque d’émousser la force du propos. Le parcours de danseuse d’Odette, de la classe de Madame Maloc (Ariane Ascaride, qui retrouve pour l’occasion son accent du sud) aux cachetons grappillés avec des amies à l’occasion de­ ­publicités ou de petites fêtes, ­divague au point de relever parfois d’un tout autre film, qui serait la chronique d’une jeunesse au début de ce siècle.

Impossible pénitence

Mais, sans doute comme dans la vraie vie, le souvenir et la douleur des blessures reçues reprennent le contrôle du récit. Celui-ci trouve toute sa force dans ce que Les Chatouilles ont de plus clas­siquement cinématographique. Autour de la performance instinctive d’Andréa Bescond, surgissent des personnages qui donnent à cette histoire d’autres dimensions.
Il y a d’abord Carole Franck en thérapeute réticente, qui hésite à se charger d’un cas aussi pesant avant d’y accorder tant d’attention qu’elle sort de son rôle. Et surtout, Karine Viard en mère murée dans sa surdité, son aveuglement. Il faut beaucoup de temps à Odette pour révéler à ses parents ce qui lui est arrivé. Alors que son père plonge dans la contrition, cherchant une impossible pénitence, la mère donne à son remords la forme du rejet. Elle refuse de voir en sa fille une victime, adoptant le discours qui a si longtemps servi à faire rejaillir la culpabilité sur les victimes de viol. Karine Viard ­déploie ce mécanisme d’autodéfense toxique avec une violence d’autant plus saisissante que son personnage semble ne rien voir de sa propre abjection.
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L'article complet de Thomas Sotinel





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