D'abord le livre. Lecture conseillée par Antoine de Caunes, au détour d'un dialogue radiophonique sur France Inter fin août. Je commande le truc. Il m'arrive en double, avec la version filmée, insérée dans la couverture cartonnée du livre. Trop bien, je ne pensais pas avoir vu le film, qui date pourtant de 1983.
Une écriture inspirée, avec pas mal d'implicite, au lecteur de connecter ou d'interpréter.
Un détective privé au passé sulfureux (surnommé "l'Oeil"), retrouve un jeune homme de bonne famille qui avait disparu, et assiste au meurtre de celui-ci par sa petite amie. Le roman raconte comment le détective s'attache aux pas de cette jeune fille, qui s'avère rapidement être une croqueuse d'hommes, serial killeuse et voleuse de trésor au passage (ses conquêtes sont toujours de jeunes gens fortunés), pour être toujours près d'elle à son insu, et la protéger au besoin.
Or, ce détective est aussi dans sa vie privée, à la recherche de sa propre fille qu'il n'a pas revu depuis qu'elle était adolescente, et pour laquelle il se sent redevable, n'ayant pas été un père assez présent.
Le lecteur ne sait pas vraiment pourquoi cet homme s'attache à cette meurtrière en cavale, mais il est clair qu'il y a un lien avec sa propre histoire de père éperdu.
Un des atouts du livre : il cite précisément les morceaux de musique écoutés par ses personnages, et les lectures qu'ils font au long de leurs aventures. A l'heure de la terre nette, c'est très appréciable, car, pour peu qu'on ait accès à la toile, tout en lisant, on peut se mettre dans l'ambiance réelle imaginée par le narrateur, en écoutant la musique citée.
Ce livre fait partie de ceux qu'on lit si vite que quand on est au bout, on se sent orphelin de l'histoire...
Le film tiré de ce récit est assez proche du texte, des détails s'y trouvent et globalement, c'est un film réussi, mais comme presqu'à chaque fois quand on regarde l'adaptation d'une histoire qu'on a adorée, toute variation dans la narration originelle pose question. Par exemple, on peut s'interroger sur la pertinence de tel personnage inventé de toute pièce par les scénaristes. Claude Miller fait intervenir un deuxième enquêteur (joué par Guy Marchand), absent du roman, qui trouble (enrichit ?) le récit, et qui disparaît lui aussi au bout d'un moment, englouti par le maelström meurtrier de cette histoire insensée...
Le lien entre les deux histoires, celle de la fille tueuse, et celle de la paternité souffrante de l'enquêteur, n'est jamais établi clairement dans le livre de Behm. Mais dans le film, Isabelle Adjani qui incarne la meurtrière, vient pleurer contre la porte du détective en geignant "Papa, papa..."
Je préfère quand le doute plane lourdement, à mon avis que j'ai, au lieu de livrer au spectateur des pistes toutes crues, surtout que dans ce cas, dans le roman, le lien filial entre les deux personnages principaux est fantasmé, et non établi.
Bref. Je conseille vivement le bouquin, le film n'étant pas mal non plus, quoi qu'un peu daté, avec Michel Serrault, qui est de mes acteurs préférés, s'adaptant parfaitement au rôle d'enquêteur à la fois inventif, réactif et pèpère dans sa vie perso...
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