dimanche 13 août 2017

Le vendredi 13 octobre 1907, un ketch quitta Cherbourg

et alla mouiller devant Brixham, à côté de Dartmouth en Angleterre. Or tout de suite un coup de vent violent se leva, brisant la première chaîne d'ancre, obligeant à lâcher la seconde et à s'engouffrer dans le petit port en grande catastrophe, se jetant sur la flottille des bateaux de pêche qui y étaient rangés, en en abîmant quelques-uns.

Ainsi commencent les aventures du J.B. Charcot, sous les ordres de Henry Rallier du Baty, avec 5 autres matelots dont Raymond, le frère du capitaine. C'est lui l'auteur de ce passionnant récit.

A l'époque -et de nos jours encore-, mettre la voile vers les îles Kerguelen sur un petit bateau de 20 mètres était une idée plus qu'audacieuse. Seuls les gros bâtiments de pêche hauturière s'aventuraient jusque là. Mais ils l'ont fait, entre Cherbourg et Melbourne en Australie, en passant par Rio, l'archipel Tristan Da Cunha, et les Kerguelen.

Sur le bateau d'Hervé, au mois de juillet, nous nous sommes lu à voix haute cette histoire vraie d'expédition maritime lointaine.

L'épisode qui a le plus retenu mon attention concerne l'escale de cet équipage à l'île Tristan Da Cunha, dans l'Atlantique sud. Car ils y trouvèrent une société indépendante du reste du monde, isolée et organisée sans chef, sans gouverneur, sans police, sans justice institutionnelle... Cependant, dans la pratique, l'un des habitants, Ripetto, un marin génois à l'origine, le seul qui sache lire et écrire, y avait un rôle de leader.
Henry Rallier du Baty écrit à propos de cet homme :
"Sa position est cependant fortuite et non le fruit de quelque droit coutumier, et à vrai dire, Tristan Da Cunha est une société comme en ont de tout temps rêvé les philosophes et que nos socialistes modernes appellent de leurs voeux. Il n'y a parmi eux ni haine, ni envie, ni malice. Tous contribuent au bien commun. Ils se rendent fraternellement service. Ils sont exempts des vices de la civilisation. Ils prient Dieu simplement. Ils sont proches de la nature, mais sans superstition panthéiste. La cupidité et l'usure leur sont étrangères. Il n'y a pas de distinction de classe, pas de riches ni de pauvres. En fait, sur ce rocher isolé au milieu de l'Atlantique, vit un peuple qui appartient plus à l'âge pastoral du monde qu'à notre époque moderne agitée, et qui sans théories, sans politique et sans lois écrites, a atteint l'état dénommé Age d'Or ou Millenium par les auteurs inspirés de toutes les époques, hantés par la décadence des villes surpeuplées."

Cette petite communauté comptait alors 17 familles pour 84 personnes.




















Le J.B. Charcot

















L'équipage (tous revenus sains et saufs de l'aventure)








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

postiches