Hier, l'émission était consacrée à un chantier de fouille en Corse, Mariana, connu pour être le site de la plus ancienne et plus belle église romane de l'île. Il était également déjà identifié comme une implantation romaine, comme souvent Gaule méridionale, lieu de "retraite" pour des légionnaires vétérans.
Photo INRAP
Et voilà ti pas qu'ils tombent sur un lieu de culte orientalisant, le fameux culte de Mithra, souvent identifié par une représentation sculptée, celle du sacrifice d'un taureau. Culte à mystère (comme à Eleusis en Grèce), culte d'initiés solidaires, très hiérarchisé...
Une description plus complète de cette pratique trouvée dans "la main rouge", reprenant elle-même un texte de Christopher gérard :
Mais qu’est donc le Mithriacisme ? Dans son « Parcours Païen », Christopher Gérard en dresse un exact aperçu:
« Mithra est un dieu indo-iranien,de la
fidélité, de l’amitié et du contrat. Il symbolise l’harmonie
personnelle, sociale et cosmique. La morale mithriaque est une morale
solaire, une éthique de la lumière: amour de la vérité, fidélité à la
parole donnée sont centraux. Il s’agit aussi d’une religion de l’énergie
car Mithra vainc le taureau grâce à sa volonté inflexible et à la force
de ses bras. Ce qui lui permet de restaurer l’ordre cosmique un instant
menacé par les forces du chaos, du non-être et de la mort. Par la
dexiôsis, l’étreinte des mains droites, Mithra scelle son alliance avec
Sol. La main droite symbolise dans de nombreuses traditions, la
puissance te la volonté. Il s’agit aussi ici d’un engagement, d’une
parole donnée, à laquelle une fidélité sans faille est de mise. Le
succès du Mithriacisme dans les milieux militaires surtout, mais
également dans la haute administration et les milieux d’affaires peut
s’expliquer par cette sacralisation du lien fraternel et indissoluble,
garanti par un serment et gage de salut. La loyauté, la fides romaine,
source de bonheur et de salut dans un monde difficile, ne pouvait que
séduire l’esprit juridique et moral des cadres de l’Empire romain. Il y
aurait d’ailleurs des recherches à faire quant aux liens entre éthique
mithriaque et éthique féodale et/ou chevaleresque. Les points communs
sont nombreux: exaltation de la notion de service, morale de l’action et
de l’énergie, lutte contre le mal, nécessité de l’obéissance et d’une
hiérarchie stricte, exaltation de l’honneur et de l’amitié, non point
l’amour abstrait et universel des Chrétiens (et qui a pour corollaire
obligé l’ingérence dans la vie de l’autre et la « correction
fraternelle ») mais solidarité concrète à l’égard des membres de la
phratrie ».
Les amateurs d'histoire en Périgord (et en Saintonge...) voient sans doute bien de quoi il s'agit, car la crypte de l'église monolithe d'Aubeterre-sur-Dronne, retrouvée en 1961 lorsqu'un camion fit écrouler une partie de sa voûte, est souvent interprétée comme la récupération chrétienne d'un lieu de culte à Mithra.
Visite à 360° de la crypte ?
On est là au coeur de la problématique de la christianisation de nos contrées, et de l'élimination progressive de tous les cultes concurrents...
Pour bien comprendre les propos des archéologues en Corse, je propose de suivre la vidéo inclue dans cette présentation proposée par l'INRAP :
http://www.inrap.fr/le-dieu-mithra-decouvert-en-corse-12313
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