Il y a des auteurs de polars qui construisent des histoires passionnantes. Dennis Lehane, en plus de ça a une écriture à lui, quelque chose de net, d'implacable, qui impressionne vraiment (les gens impressionnables, dont je). J'avais adoré "Shutter Island", tout sauf simple à décrypter et envoûtant à souhait. Le film superbe qui en a été tiré est une restitution très juste de cet univers déroutant. Dans "un dernier verre avant la guerre", je trouve les portraits particulièrement réussis, je trouve qu'on les "voit", les types. Lehane est né avec la métaphore hypertrophiée.
Exemple (mauvais) extirpé (trop) rapidement, mais quand même, ça donne une idée de :
"Sterling était un rougeaud bien en chair, le genre qui porte son poids comme une arme, pas comme un handicap. Il avait une masse de cheveux blancs et raides sur laquelle on aurait pu faire atterir un DC-10, et une poignée de main qui s'arrêtait juste avant de provoquer la paralysie. Il était le leader incontesté de la majorité au Sénat du Massachussets depuis au moins la guerre de Sécession et il n'avait aucun projet de retraite."
Traduction de Mona de Pracontal.
Puis j'ai repris le chemin du merveilleux chez Murakami, avec "les amants du Spoutnik". Après Lehane ça fait un choc culturel. On songe tout d'abord qu'on a tombé de Flaubert dans Enid Blyton*. Mais petit à petit la magie est revenue, sauf que j'ai de nouveau eu la curieuse impression d'avoir déjà lu ça quelque part, comme lors de "Chroniques de l'oiseau à ressort" après être passé par "La course au mouton sauvage", "Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil" et peut-être "Kafka sur le rivage", qui reste de loin le plus à mon goût.
C'est comme s'il construisait une oeuvre enchevêtrée où les morceaux qui s'entrecroisent finissent par former un édifice cohérent.
Peut-être.
Souhaitons le lui.
Lui le.
Le lui !
* Je sais j'exagère, c'est fait exprès pour frapper l'esprit du lecteur...
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