dimanche 5 mars 2017

Du culte de Mithra en Corse

Lors de la rentrée radiophonique de septembre dernier, le magazine hebdomadaire d'archéologie de France Culture s'est renouvelé. Il a changé de nom (anciennement "le salon noir") aujourd'hui "Carbone 14", et s'est recentré autour de découvertes plus proches du terrain, moins perdu dans des débats historiographiques qui ne retenaient pas souvent mon attention.

Hier, l'émission était consacrée à un chantier de fouille en Corse, Mariana, connu pour être le site de la plus ancienne et plus belle église romane de l'île. Il était également déjà identifié comme une implantation romaine, comme souvent Gaule méridionale, lieu de "retraite" pour des légionnaires vétérans.
















Photo INRAP 
 
Et voilà ti pas qu'ils tombent sur un lieu de culte orientalisant, le fameux culte de Mithra, souvent identifié par une représentation sculptée, celle du sacrifice d'un taureau. Culte à mystère (comme à Eleusis en Grèce), culte d'initiés solidaires, très hiérarchisé...

Une description plus complète de cette pratique trouvée dans "la main rouge", reprenant elle-même un texte de Christopher gérard :

Mais qu’est donc le Mithriacisme ? Dans son « Parcours Païen », Christopher Gérard en dresse un exact aperçu:
« Mithra est un dieu indo-iranien,de la fidélité, de l’amitié et du contrat. Il symbolise l’harmonie personnelle, sociale et cosmique. La morale mithriaque est une morale solaire, une éthique de la lumière: amour de la vérité, fidélité à la parole donnée sont centraux. Il s’agit aussi d’une religion de l’énergie car Mithra vainc le taureau grâce à sa volonté inflexible et à la force de ses bras. Ce qui lui permet de restaurer l’ordre cosmique un instant menacé par les forces du chaos, du non-être et de la mort. Par la dexiôsis, l’étreinte des mains droites, Mithra scelle son alliance avec Sol. La main droite symbolise dans de nombreuses traditions, la puissance te la volonté. Il s’agit aussi ici d’un engagement, d’une parole donnée, à laquelle une fidélité sans faille est de mise. Le succès du Mithriacisme dans les milieux militaires surtout, mais également dans la haute administration et les milieux d’affaires peut s’expliquer par cette sacralisation du lien fraternel et indissoluble, garanti par un serment et gage de salut. La loyauté, la fides romaine, source de bonheur et de salut dans un monde difficile, ne pouvait que séduire l’esprit juridique et moral des cadres de l’Empire romain. Il y aurait d’ailleurs des recherches à faire quant aux liens entre éthique mithriaque et éthique féodale et/ou chevaleresque. Les points communs sont nombreux: exaltation de la notion de service, morale de l’action et de l’énergie, lutte contre le mal, nécessité de l’obéissance et d’une hiérarchie stricte, exaltation de l’honneur et de l’amitié, non point l’amour abstrait et universel des Chrétiens (et qui a pour corollaire obligé l’ingérence dans la vie de l’autre et la « correction fraternelle ») mais solidarité concrète à l’égard des membres de la phratrie ».

Les amateurs d'histoire en Périgord (et en Saintonge...) voient sans doute bien de quoi il s'agit, car la crypte de l'église monolithe d'Aubeterre-sur-Dronne, retrouvée en 1961 lorsqu'un camion fit écrouler une partie de sa voûte, est souvent interprétée comme la récupération chrétienne d'un lieu de culte à Mithra.











Visite à 360° de la crypte ?

On est là au coeur de la problématique de la christianisation de nos contrées, et de l'élimination progressive de tous les cultes concurrents...







Pour bien comprendre les propos des archéologues en Corse, je propose de suivre la vidéo inclue dans cette présentation proposée par l'INRAP :

http://www.inrap.fr/le-dieu-mithra-decouvert-en-corse-12313




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

postiches