samedi 18 février 2012

Après avoir entendu et apprécié Pierre Joxe

sur les ondes radiophoniques, j'ai eu le goût de lire ça :


























Pierre Joxe a siégé de 1992 à 2010 au Conseil Constitutionnel. Depuis lors, il est avocat des enfants au barreau de Paris, où il officie en tant que "commis d'office".

Comme on pouvait s'y attendre, le bilan de la dernière décennie, pour ce qui concerne la justice des mineurs, est une catastrophe. Dans ce domaine comme dans d'autres, l'héritage humaniste (qui avait fait de la France un état novateur en la matière) datant des ordonnances de 1945, est sacrifié. Il y était fait une grande place à l'évaluation des difficultés du jeune et à l'accompagnement de son parcours de réinsertion. Des mesures de protection  des jeunes (comme le droit à la publicité restreinte, qui fait que les débats au tribunal sont menés à huis clos) étaient assurées. Petit à petit, mais de manière accélérée depuis 10 ans, le regard empathique du juge s'est changé en celui de l'aigle vengeur, répressif sans discernement. La méthode est aussi mise en cause. Pierre Joxe constate, au regard de l'histoire de la Justice, que les grandes réformes dans le domaine judiciaire, ne peuvent être menées avec succès, qu'après un long temps de maturation et de négociations, et après la consultation des spécialistes du champ concerné. Or, les trains de mesures, allant toutes dans le même sens de la responsabilisation d'enfants toujours plus jeunes, se sont succédés sans lien les uns avec les autres, sans évaluation des dispositifs précédents, et le plus souvent en réaction à un fait divers marquant, c'est à dire dans un esprit démagogique et électoraliste.
En matière de justice, nous nous sommes calés dans le sillage des USA, où les systèmes pénaux pour adultes et pour enfants tendent carrément à se confondre, et à l'image également de la Grande Bretagne, qui a une tradition d'extrême sévérité envers les enfants. Les exemples à suivre se situent d'après Pierre Joxe, au Québec et en Suède.
Un truc rigolo, en passant : l'auteur n'aime pas Jacques Lang, pris en flagrant délit de manipulation à des fins d'intérêt strictement personnel, en juillet 2009, quand ce dernier avait soutenu et voté une proposition de loi présentée par François Baroin, visant à réduire les conditions de publicité restreinte (donc de protection de la jeunesse). C'était pendant l'affaire Fofana, "le gang des barbares".
"A l'époque, Jack Lang espérait, paraît-il, être nommé par le Président de la République au poste de "défenseur des droits", nouvelle fonction créée par la réforme constitutionnelle de l'été 2008, et qui n'avait été adoptée que par une voix de majorité : la sienne !"
p.211 

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