lundi 16 avril 2012

En réécoutant "Chez Leprest, volume 2", suis retombé

avec plaisir sur ce petit texte, lu par l'auteur, et glissé en piste fantôme au bout de la dernière chanson.



Lues

Tu es lue par des lionnes
Lue comme un roman noir
Sous ma loupe ma lampe
Et sous ma couverture
Mon héroïne,
Mon amante du cinquième art
Tu es lue

Je parcours dans mon lit tes ratures
Tu es lue
Entièrement
Complètement lue

Je te dévore des yeux
Je me paye ta tranche
Tu te livres à mes doigts de papivore goulu
Et j'annote nos marges avec mon encre blanche

Tu es lue
Je pends au cou de tous tes signes
Pourtant je ne perçois de toi que les images
Si lues de la première à la dernière ligne
Je m'endors glissant en toi mon marque-page
Lue

Lue si
Tu es lue
Lue de la tête aux pieds
Couchée dans ma bibliothèque pirogue
Lançant par dessus bord tes dessous de papier
Maintenant le suspense jusqu'à notre épilogue
Lue dans les coulisses du ghetto
Lue à la une des journaux militants des hebdos aux parfums
T'es à poil quoi
Dans une main qui tient la plume
Et tu laisses après toi
Ton silence écrive...

Allain Leprest.























Merci à Frédéric Neff pour sa transcription du poème

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